France – 25/09/2024 – energiesdelamer.eu. Partie 2
Dans ce contexte, que représentera l’apport du futur parc éolien en mer ?
Le parc d’Eoliennes en Mer de Dunkerque – EMD, sera un apport très significatif pour notre mix énergétique (Ndrl. lauréat de l’appel d’offre 3) avec ses 500 à 600 MW – mais il n’offrira qu’une partie de celui-ci. La principale source restera le nucléaire, avec la centrale actuelle de Gravelines et ses futurs EPR2.
Y a-t-il de la place pour les éoliennes sur vos quais ? Allez-vous être un port d’accueil pour l’assemblage ?
Nous accueillons régulièrement, sur nos quais, des éoliennes destinées à la région Hauts-de-France, et nous préparons l’atterrage pour l’énergie électrique du futur parc éolien. Par la suite, nous prévoyons d’installer une base de maintenance pour les fermes éoliennes. Mais nous n’avons pas de projet d’usine d’assemblage.
L’industrie n’avait-elle pas fait de Dunkerque une des villes les plus polluées de France ? Comment remédier à cela ?
Dunkerque est une ville industrielle. Précisément en raison de sa concentration d’usines, elle a été un précurseur pour la surveillance de la qualité de l’air. Dès 1976 a été instauré le premier réseau de mesure et de surveillance de la qualité de l’air. A partir de 1990 a été créé le Secrétariat permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles (S3PI). Il y a une volonté commune de réduire les nuisances. Au-delà de la réglementation, les industriels s’efforcent de réduire leurs émissions. Et ils investissent pour cela.
Depuis plus de 10 ans, nous avons vécu de de profondes mutations – bien avant d’autres zones industrialo-portuaires. La fermeture des deux raffineries, par exemple, a été un choc ; mais elle a aidé à lancer la transformation industrielle d’aujourd’hui. Et si Dunkerque représente 20 % des émissions industrielles de CO2 en France, le programme de décarbonation du territoire, qui reçoit le soutien de l’Etat au titre des Zones industrielles bas-carbone (ZIBaC) devra permettre de réduire de moitié nos émissions à l’horizon 2035.
La transformation du port entraîne-t-elle aussi une évolution de l’ensemble de la ville ?
La plus importante transformation pour le port se passe au port ouest : nouveaux terminaux, nouvelles industries, nouvelles zones logistiques. Mais la ville change aussi, notamment avec la rénovation de la digue et la transformation de la marina, qui sera l’aboutissement du chantier de rénovation urbaine. Nous travaillons à la création de pistes cyclables, à des aménagements paysagers, à la renaturation de certains espaces. Plus de 1.000 hectares sont réservés sur le port à la biodiversité. Nous améliorons également l’accessibilité. La digue du Break reste en accès public. La partie ouest du port, en plein renouveau industriel, sera aussi accueillante et attractive que le centre historique de Dunkerque et l’est de la région dunkerquoise, avec ses plages et ses dunes.
Comment seront organisés les transports, pour les usagers du port et pour les habitants ?
Notre stratégie de mobilité est sous-tendue par celle de la Communauté urbaine. Nous misons ainsi sur des formes de mobilité alternatives, avec la gratuité des transports collectifs, le développement des usines sans parking et enfin de nouvelles pistes cyclables connectées à EuroVelo 4, « La Vélomaritime » et ses 1.500 km d’itinéraires cyclistes, de la Manche à la Mer du Nord. Les différents modes de trajets doivent être gérés de façon vertueuse, en réponse aux besoins des industriels et des citoyens. C’est un enjeu social et environnemental.
Quelles sont vos relations avec les grands ports d’Europe du Nord ? Concurrence ou coopération ?
Avant d’être des concurrents, ils sont pour nous une source d’inspiration. Anvers, Hambourg ou Rotterdam ont une solide expertise et une grande expérience des systèmes portuaires. Leurs ensembles reposent sur une logique territoriale très forte, qui tend à se renforcer et s’étendre – notamment par le biais de projets comme la décarbonation ou la logistique. Ils pratiquent une intégration intelligente entre le portuaire, le multimodal, la logistique, l’industrie et l’urbain. Nous nous inspirons de cette approche. Les coopérations se renforcent le long du littoral, avec le pôle métropolitain de la Côte d’Opale, et bien sûr avec notre hinterland entre Dunkerque et l’ensemble de la région Hauts-de-France, où se trouvent nombre de nos clients et de nos partenaires logistiques.
Nous développons aussi des coopérations de grande distance, notamment pour le déploiement de nouveaux services ferroviaires de transport de conteneurs et de remorques, qui sont un axe stratégique pour le réseau de transports européen. Ces initiatives sont, par exemple, menées avec le Port Autonome de Strasbourg et les acteurs économiques de la région Grand Est. A cet effet, Dunkerque-Port a doublé en 2022 la capacité de traitement du centre de transbordement rail/route du terminal à conteneurs. Nous venons également de lancer un appel à manifestation d’intérêt en vue de sélectionner l’opérateur du futur terminal ferroutage du port ouest, qui sera pleinement opérationnel fin 2025.
Où voyez-vous la croissance économique de vos activités portuaires, dans ce contexte de transformation ?
Nous nous adaptons constamment aux évolutions du transport maritime. En tant que port polyvalent, nous traitons des volumes importants de vracs solides et liquides, indispensables à l’industrie locale. En tant que première plateforme énergétique européenne, nous jouons également un rôle clé dans la distribution des flux énergétiques, notamment pour le GNL, dont l’approvisionnement est stratégique pour la France et l’Europe. Par ailleurs, nos principaux axes de croissance se concentrent sur l’activité conteneurisée et le développement de services rouliers de type short-sea, une alternative crédible et efficace au transport routier direct.
Nous nous engageons également à soutenir la transition vers des carburants plus propres, qui répondent aux objectifs de réduction de l’empreinte carbone des armateurs. Ces derniers adoptent progressivement des carburants alternatifs comme le biogaz, l’ammoniac, le méthanol ou encore les carburants synthétiques. Le port de demain devra être capable de proposer des solutions de soutage efficaces et compétitives pour ces nouvelles énergies à faible teneur en carbone.
Compte tenu de la fréquence accrue des tempêtes, le port de Dunkerque risque-t-il des épisodes de submersion ?
Le port de Dunkerque se situe sur un polder progressivement gagné sur la mer par la création d’un système de drainage (wateringues et pompage) et de digues. Le risque de submersion est intégré depuis des siècles. La protection du port est assurée par des digues, jetées, avant-ports, quais et terre-pleins. Chaque aménagement et extension fait l’objet d’études de risques et de dimensionnement qui permettent de garantir la viabilité des projets sur leur durée de vie, au regard des hypothèses extrêmes connues lors de leur construction.
L’adaptation au changement climatique rend cependant encore plus sensible cet enjeu. C’est pourquoi le port a engagé avec le territoire un certain nombre d’études et d’actions permettant de mettre à jour les études de vulnérabilité en intégrant l’ensemble des aléas : la submersion, mais aussi les inondations continentales, le stress hydrique en été, la remontée du biseau salé, les vents extrêmes. Notre nouveau plan opérationnel d’adaptation sera pleinement intégré à notre plan stratégique 2025-2029.
Propos recueillis par Brigitte Bornemann et Jean-Claude Lewandowski
Rendez-vous aux Assises « Port du Futur » à Dunkerque qui se tiennent jusqu’au 26 septembre 2024
(1) Le parc éolien sera localisé à plus de 10 km au large de Dunkerque, et plus de 11,4 km au large des communes balnéaires de part et d’autre de la frontière avec la Belgique, sur une surface globale n’excédant pas 50 km². Le projet prévoit un maximum de 46 éoliennes, installées sur des fondations de type « monopieu ». Eoliennes en Mer de Dunkerque (EMD) composée d’EDF Renouvelables France, et Enbridge Éolien France S.a.r.l., filiale d’Enbridge Inc et par RTE (Réseau de Transport d’Electricité). EMD assure la maîtrise d’ouvrage du projet de parc éolien en mer. RTE est le maître d’ouvrage du raccordement électrique en mer et à terre du parc, dont fait notamment partie le poste électrique en mer.
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