Monde – 09/08/2021 – energiesdelamer.eu. Depuis le dernier rapport publié il y a huit ans, en 2013, les émissions de gaz à effet de serre et la température moyenne de la planète n’ont cessé de grimper. Avec ce sixième rapport en plus de 30 ans d’existence, les climatologues ont affiné les méthodes qu’ils utilisent pour mesurer différents aspects du climat et pour modéliser (ou projeter) ce qui pourrait se passer à l’avenir.
« Dès lors, que les émissions cesseront, le réchauffement cessera et les températures se stabiliseront en quelques décennies. Mais certains effets, comme l’élévation du niveau de la mer, resteront irréversibles pendant des siècles ».
Les scientifiques du Giec commencent par rappeler le constat suivant : « La température globale sur la surface de la Terre était plus chaude de 1,09°C entre 2011 et 2020 qu’elle ne l’était entre 1850 et 1900, avec une hausse plus importante au niveau des terres (1,59°C) qu’au niveau des océans (0,88°C). »
Ainsi, entre 1901 et 2018, le niveau des mers a grimpé de 20 centimètres, « plus vite que lors de n’importe quel autre siècle depuis au moins 3 000 ans ». Au nord, entre 2011 et 2020, « l’étendue moyenne de la banquise en Arctique a atteint son plus bas niveau depuis 1850 », cite encore la communauté de chercheurs. La fonte des glaciers, quant à elle, a causé un recul de leur surface « sans précédent depuis 2 000 ans ».
Les changements que tous les habitants de la planète vivent en 2021, avec des pluies sans précédent qui ont provoqué des inondations mortelles en Europe, notamment en Allemagne et en Belgique, en Chine et en Inde. Des vagues de chaleur au Canada, des incendies immaîtrisés en Grèce, en Turquie, aux Etats-Unis sont les conséquences avérées et dorénavant identifiables.
Les 234 auteurs du rapport ont distillé 14 000 articles. Même le « résumé à l’intention des décideurs », qui reprend les principales conclusions du rapport approuvées par les délégations de 195 pays, compte 42 pages.
Les taux d’augmentation de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère sont sans précédent depuis au moins 800.000 ans…. et l’Arctique devient la bombe a retardement avec le dégel du permafrost.
L’Arctique est le plus grand réservoir de carbone sur Terre. Il stocke deux fois plus de carbone dans ses sols gelés, appelés pergélisol, qu’il n’en est présent dans l’atmosphère. Les modèles mathématiques mis au point par les experts estiment qu’un 1°C de réchauffement climatique peut libérer l’équivalent de 14 à 175 milliards de tonnes de dioxyde de carbone issu du permafrost.
Tous les médias du monde publie ce matin le nouveau rapport du GIEC, notamment, Bloomberg sous la plume d’Eric Roston.
Les cinq points essentiels à retenir du rapport du GIEC proposé :
- La dernière décennie a été plus chaude que toute autre période depuis 125.000 ans.
Non seulement cela, mais le CO₂ atmosphérique est maintenant à un pic de deux millions d’années. La consommation de combustibles fossiles s’est combinée à l’agriculture pour pousser le méthane et l’oxyde nitreux – également des gaz à effet de serre – vers des records depuis au moins 800 000 ans.
Tous ces gaz à effet de serre ont fait augmenter la température moyenne de la planète d’environ 1,1° Celsius par rapport à la moyenne de la fin du XIXe siècle. En fait, l’homme a déjà émis suffisamment de gaz à effet de serre dans l’atmosphère pour réchauffer la planète de 1,5 °C – l’un des objectifs fixés par l’accord de Paris – mais la pollution par les particules fines provenant des combustibles fossiles masque ce réchauffement en produisant un effet de refroidissement.
On estime aujourd’hui que la contribution combinée des facteurs naturels, tels que le soleil et les volcans, au réchauffement de la planète est proche de zéro.
- Les scientifiques peuvent désormais établir un lien entre des événements météorologiques spécifiques et le changement climatique d’origine humaine.
Cela n’a pas toujours été le cas. Il y a 20 ans à peine, par exemple, il était pratiquement impossible d’attribuer une tempête ou un pic de température particulier au réchauffement de la planète. Mais la profession de climatologue a vu des spécialités entières émerger depuis le précédent méga rapport du GIEC en 2013.
Aucun domaine n’a plus de résonance que la capacité d’analyser les événements météorologiques extrêmes en temps réel pour déterminer le rôle que joue le changement climatique… World Weather Attribution, un groupe de recherche international, n’a eu besoin que de quelques jours après le début de la chaleur en Amérique du Nord, pour conclure que ces températures extraordinaires seraient « pratiquement impossibles » sans le changement climatique.
- Les scientifiques ont réduit la fourchette d’estimation de la réaction des températures aux émissions de gaz à effet de serre.
Il s’agit d’une étape importante dans le domaine de la sensibilité du climat, qui a pris 40 ans. Grâce à la recherche sur les climats anciens et à la technologie avancée des satellites qui surveillent les nuages et les émissions, de nouveaux modèles ont réduit les projections de la réaction probable de l’atmosphère aux émissions industrielles. Les auteurs du GIEC ont ainsi pu cibler leurs projections de température pour le reste du siècle, donnant à l’humanité une image plus claire de ce qui l’attend si nous n’agissons pas rapidement pour réduire les émissions.
La réponse de la Terre à un doublement théorique des niveaux préindustriels de CO₂ se situerait désormais entre 2,5 °C et 4 °C, soit une fourchette beaucoup plus étroite que celle de 1,5 °C à 4,5 °C indiquée dans les précédents rapports du GIEC. Ces résultats excluent la possibilité que des émissions non restreintes n’aient qu’un léger effet sur les températures mondiales, un espoir auquel très peu d’observateurs des événements de ces derniers mois pouvaient s’accrocher. Mais la fourchette plus étroite fournit également des preuves indiscutables de la meilleure voie à suivre pour assurer la sécurité de la planète : mettre rapidement un terme aux émissions de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre.
- La Terre récompense les bons comportements.
Presque aussitôt que les émissions cesseront, le réchauffement cessera et les températures se stabiliseront en quelques décennies. Mais certains effets, comme l’élévation du niveau de la mer, resteront irréversibles pendant des siècles. C’est une course entre l’évitable et l’inévitable, et l’humanité est à la traîne.
Les scientifiques ont innové dans ce rapport du GIEC en prévoyant ce qui se passera lorsque les émissions seront nulles. Lorsque le monde réduira son utilisation de combustibles fossiles, par exemple, l’effet refroidissant des aérosols commencera à diminuer. Les scientifiques sont convaincus qu’un moyen de contrer ce déclin serait de poursuivre des « réductions fortes, rapides et durables » des émissions de méthane. Au-delà du CO₂, du méthane et de l’oxyde nitreux, il existe quatre autres gaz à effet de serre qui offrent également des possibilités de ralentir le réchauffement.
5. Les scientifiques bénévoles du GIEC établissent un consensus avec tous les gouvernements de l’ONU avant de publier ce rapport.
C’est parfois un combat. Mais un accord unanime entre les nations du monde, qui doivent toutes affirmer que les conclusions sont résumées avec exactitude, est un outil très puissant. C’est ce qui fait du GIEC l’organisme qui fait le plus autorité en matière de réchauffement climatique.
Le nouveau rapport commence par une déclaration définitive : « Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres. » Tom Evans, chercheur en diplomatie climatique au sein du groupe de réflexion E3G, a formulé cette implication de manière succincte : « Aucun gouvernement n’a d’excuse pour esquiver sa responsabilité d’agir ».
« Nous sommes dans une période cruciale, car l’ampleur des changements de demain dépendra des choix et des actions d’aujourd’hui. » Valérie Masson Delmotte, paléoclimatologue et co-présidente du groupe de travail I du Giec.
Complété à 14h30 le 09/08/2021 – Pour prendre connaissance du calendrier du GIEC IPPC, du nouvel atlas interactif et visionner la présentation du Rapport par le Groupe I avec notamment Valérie Masson Delmotte ICI
Pour télécharger le rapport final Report sur le site du Giec IPPC > bit.ly/WGICC2021
POINTS DE REPÈRE
RFI – Climat: pourquoi les vagues de chaleur se multiplient et pourquoi il faut agir tout de suite !
On parle de dôme de chaleur et d’anticyclone. De quoi s’agit-il ?
Le terme de dôme de chaleur n’est pas utilisé par notre communauté, mais plutôt par les médias. Ce sont des masses d’air chaud qui arrivent et par un phénomène de blocage, l’air chaud stagne et s’accumule à cet endroit. C’est lié à la dynamique du climat qui relève plutôt de la météorologie, je ne suis pas spécialiste. Mais l’exemple le plus proche est ce qui est arrivé en France et en Europe de l’Ouest en 2003.
Il y a souvent conjonction – et c’est ça le problème – entre ces vagues de chaleur, un très beau temps et une période de sécheresse, quand il n’y a pas de précipitations. Des conditions où les risques de feux de forêts sont les plus présents. C’est ce qu’il s’est passé à Lytton au Canada : à 50 °C, on ne maîtrise plus rien. Les feux étaient d’origine naturelle liée à la foudre, les éclairs y étaient très fréquents, on en a répertorié près d’un million ! Les infrastructures, comme les réseaux électriques, n’ont pas résisté non plus. Une simple étincelle serait partie d’une voie ferrée, d’un train, et aurait pu mettre le feu.
On entre vraiment dans un autre monde, c’est ça qu’il faut saisir. Un monde qui devient très difficile à vivre et à maîtriser. Les populations ont été touchées, la nature a été complètement détruite et les infrastructures ont été fortement impactées.
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