Ecosse – 05/11/2021 – energiesdelamer.eu. A l’occasion de la COP26 qui se tient à Glasgow jusqu’au 12 novembre prochain, de nombreuses voix s’élèvent pour rappeler le lien entre océans et climat, et appeler à des actions intégrées sur ces deux thématiques interdépendantes.
C’est le plus grand puits de carbone de notre planète (30% du CO2 émis par les activités humaines) et il absorbe plus de 90% de la chaleur excédentaire (contre 3% pour les terres). Pourtant, l’océan, qui occupe 70% de la surface de la Terre, reste le grand oublié des COP climat. Une lacune d’autant plus regrettable que sous l’effet du trio réchauffement, acidification et désoxygénation, conséquences directes du changement climatique, il est de moins en moins en mesure de jouer son rôle essentiel de régulateur du climat. Pis « la défaillance des systèmes océaniques exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes, modifie les courants océaniques et réduit sa capacité à absorber le carbone », alertent les auteurs d’une étude publiée le 4 novembre dans la revue Aquatic Conservation. Autrement dit, un cercle vicieux dont nous n’avons vraiment pas besoin.
Boucles de rétroaction entre océan et climat
Intitulé « The forgotten ocean – why COP26 must call for vastly greater ambition and urgency to address ocean change » (« L’océan oublié : pourquoi la COP26 doit exiger une intensification des ambitions et de l’urgence pour lutter contre le changement océanique »), cet article est le fruit d’un travail réalisé par des scientifiques du monde entier et s’adresse aux dirigeants présents à la COP26. Il détaille notamment plusieurs exemples de boucles de rétroaction entre l’océan et le climat, qui exacerbent le changement climatique.
C’est le cas de la stratification, une séparation des eaux en fonction de leur température ou de leur salinité qui s’opère sous l’effet du réchauffement de l’océan et de l’accroissement des précipitations. A son tour, ce phénomène de stratification est responsable d’une augmentation des vagues de chaleur marines et des phénomènes météorologiques extrêmes, mais aussi d’une diminution de la capacité de l’océan à absorber le carbone et d’une modification de la circulation océanique.
30% plus acide qu’il y a 250 ans
Ces scientifiques ne sont pas les seuls à alerter sur la nécessité d’intégrer l’océan aux négociations sur le climat. Le 1er novembre, dans une tribune publiée par Le Monde, un collectif de scientifiques relayait la position de trente-sept organismes de recherche du monde entier fédérés dans l’initiative One Ocean Science portée par l’Ifremer, le CNRS et l’Institut de recherche pour le développement (IRD). « Resté trop longtemps en marge des négociations sur le climat, l’océan doit être aujourd’hui au cœur de ces décisions. » Ses auteurs alertaient sur la dégradation rapide des écosystèmes marins, responsable d’atteintes majeures à la biodiversité et compromettant la sécurité de 40% de la population mondiale. Ils rappelaient également que la dilation thermique est responsable de 40% de l’élévation du niveau de la mer. Ou encore, qu’en raison des émissions de CO2 l’océan est aujourd’hui 30% plus acide qu’il y a deux cent cinquante ans. Avec des conséquences dramatiques pour toutes les espèces qui fabriquent des coquilles ou des squelettes en carbonate de calcium comme les coraux, les foraminifères, certaines espèces de planctons, les huîtres et les moules.
Collaborer avec le GIEC
Le 31 octobre, c’est le Prince Albert II de Monaco* qui lançait à l’Université d’Edimbourg, la troisième déclaration « Because the Ocean », appelant également à une meilleure prise en compte des liens entre océans, climat et biodiversité. « Nous devons explorer pleinement le rôle de l’océan et nous efforcer de mieux le connaître, élaborer des outils de conservation, renforcer les moyens mis en œuvre pour le promouvoir, améliorer sa gouvernance et mieux prendre en compte les enjeux de l’océan dans toutes les négociations des Nations unies. » Les signataires de cette déclaration s’engagent à oeuvrer pour éliminer progressivement les émissions de gaz à effet de serre liées au transport maritime international, à favoriser le développement de sources d’énergie renouvelables propres en mer et à collaborer avec le GIEC pour atteindre au mieux ces objectifs.
Un One ocean summit à Brest en 2020
Les auteurs de l’article publié dans The Aquatic Conservation appellent à un
Traité sur la haute mer solide, permettant d’intégrer l’efficacité des actions pour le climat et la biodiversité et à cesser de soutenir des activités qui détruisent l’océan (chalutage profond, dragage, exploration pétrolière et gazière en mer, surpêche, pollution, extraction minière en eau profonde).
Ils incitent les dirigeants à évaluer le capital naturel de l’océan et à soutenir les recherches scientifiques afin d’améliorer notre compréhension des processus océaniques.
Plusieurs initiatives montrent que ces appels commencent à rencontrer un certain écho : en France, avec le lancement du programme prioritaire de recherche « Océan et climat » et la tenue du One Ocean Summit à Brest début 2022, visant à élaborer un cadre de réglementation de la haute mer. Echappant à ce jour aux juridictions nationales, elle st souvent considérée comme une zone de non-droit, propice à la pêche illégale et au braconnage ; en Europe, à travers la mission « Restore our ocean and waters by 2030 » ; aux Nations unies enfin, avec le lancement de la « Décennie des sciences océaniques au service d’un développement durable. »
POINTS DE REPÈRE
Journée de l’océan à la COP26
COP26 : Journée Océan – 37 organismes scientifiques de 33 pays mobilisés pour OneOceanScience
* Le Forum des Aires Marines Protégées en Méditerranée se tiendra du 28 nov au 1 déc 2021 à Monaco.
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