France – 06/01/2022 – energiesdelamer.eu. Publiés le 31 décembre, le compte-rendu et le bilan du débat public sur le projet de parcs éoliens flottants commerciaux en Méditerranée reflètent des inquiétudes conduisant à un souhait de voir reportée la décision d’appels d’offres commerciaux. Mais, les cahiers d’acteurs proposent aussi des pistes pour concilier principes de la consultation et urgence climatique et industrielle.

Le débat public portant sur les projets de parcs éoliens flottants commerciaux en Méditerranée s’est déroulé de juillet à fin octobre 2021 dans un contexte particulier. Les enseignements des fermes pilotes devaient en effet le nourrir et servir à l’Etat pour préciser sa décision de lancement d’appels d’offres commerciaux. « Le suivi des fermes pilotes et de leurs impacts, à la fois sur le milieu et les écosystèmes marins ainsi que sur les activités socio-économiques préexistantes à ces fermes, demeure la condition préalable au déploiement commercial. En effet, un suivi négatif de ces fermes pilotes pré-commerciales d’éoliennes flottantes ne pourrait permettre un agrandissement des parcs à une échelle industrielle », pouvait-on lire dans un document de planification portant sur le développement de l’éolien en mer Méditerranée, établi par le Préfet maritime de la Méditerranée, Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur en  2015.

Mais, leur mise en service initialement prévue en 2019, n’interviendra pas avant 2023. En parallèle, face à un accroissement de l’urgence climatique et en réponse à des enjeux industriels et économiques, l’heure ne semble pas à la temporisation. La France, qui se targue d’être en pointe sur cette technologie, n’entend pas laisser passer le coche comme elle l’a fait sur l’éolien en mer posé.

Temporalité et propositions des cahiers d’acteurs

Cette concomitance de calendrier a fait de la temporalité un sujet central dès la mi-parcours du débat public, qui a pu occulter certaines propositions issues notamment des cahiers d’acteurs et esquissant des pistes permettant de respecter les principes démocratiques de la consultation sans accumuler de retard sur l’émergence d’une filière française de l’éolien flottant.

Réceptionnés à compter de septembre 2021, les 35 cahiers d’acteurs (de l’environnement, du territoire, de la pêche, de la filière industrielle et de la citoyenneté), complétés par les avis des collectivités du Grau-du-Roi, de Palavas-les-Flots, de Frontignan et des Saintes-Maries-de-la Mer, intègrent les premiers apports du débat. Consultables dans la page dédiée à la CPDP Méditerranée dans le Business Directory sur energiesdelamer.eu et le site du débat public, ils s’efforcent d’apporter des réponses aux enjeux et préoccupations exprimées lors des ateliers et rencontres qui l’ont émaillé.

Sept zones de réflexion

En l’absence de retour d’expérience des fermes pilotes, associations environnementales, pêcheurs et certaines collectivités ont exprimé leurs craintes quant aux impacts des fermes flottantes sur l’environnement (biodiversité marine et avifaune, bilan carbone) et sur les activités (pêche, tourisme, nautisme…). Des inquiétudes qui les incitent à demander un report de la décision de lancer ou non des appels d’offres pour des parcs commerciaux.

Dans le même temps, les uns comme les autres se sont prononcés quant aux zones plus ou moins fragiles et/ou exposées. Si aucune zone préférentielle ne s’est réellement dégagée, plusieurs exercices de cartographie ont permis d’identifier sept zones susceptibles de servir de base à des réflexions.

Au-delà, ils émettent des desiderata quant aux conditions souhaitées pour la conduite de projets commerciaux : consultation permanente avec les pêcheurs, élaboration de cartes d’enjeux, d’atlas des zones et espèces à l’horizon 2050 intégrant les effets du changement climatique, mise en place d’un groupement d’intérêt scientifique (GIS) transdisciplinaire (écologie-halieutique-économie-social), principe de récupération de zones de pêches équivalentes en cas de suppression…

Pourquoi ici …

De leur côté, les Régions et les acteurs de la filière industrielle apportent des réponses aux interrogations portant sur le « pourquoi ici et maintenant ? » exprimées lors du débat.

Ils évoquent le facteur de charge élevé de l’éolien en mer, les possibilités en termes de recyclage, le régime de vent favorable du golfe du Lion, le plateau continental à 100 m de profondeur, l’existence d’un écosystème portuaire… Mais aussi la place de la transition écologique dans les stratégies territoriales de PACA et d’Occitanie et les retombées socio-économiques dont elles pourraient bénéficier en termes d’emplois locaux, d’opportunités de diversification des activités industrialo-portuaires, de tourisme industriel autour de l’éolien, de modernisation de la pêche grâce aux revenus de la fiscalité appliquée aux fermes éoliennes en mer. Des revenus qui pourraient également financer l’acquisition de connaissances en matière d’impacts sur la biodiversité.

Et maintenant ?

A l’échelle nationale, le SER et FEE rappellent que la filière de l’éolien en mer emploie déjà 5000 personnes aujourd’hui, un chiffre qui pourrait grimper à 15 000 en 2030.

Ils justifient l’urgence de développer ces fermes éoliennes flottantes par la dégradation rapide de la situation climatique, dont ils pointent les effets sur la biodiversité. Ils invoquent  aussi les exigences en matière de sécurité d’approvisionnement en électricité, la nécessité de maintenir l’avance français en la faisant dès maintenant monter en compétences ou encore de développer des synergies avec les pays voisins ayant également de tels projets tels que l’Italie et l’Espagne. « La France est un pays précurseur dans l’éolien flottant, avec de nombreux emplois à la clé, et il est urgent de permettre à cette filière de se développer », a ainsi rappelé Mathieu Laurent, chef de projet parcs éoliens flottants en Méditerranée à la DGEC du Ministère de la transition Ecologique.

Concertation, gouvernance locale…et délais

Dans les cahiers des charges, les industriels ont par ailleurs multiplié les propositions en matière de concertation avec les acteurs locaux dont les pêcheurs, de gouvernance partagée et de financement participatif favorisant l’appropriation par les citoyens, d’intermédiation et d’animation territoriale…Concernant les impacts environnementaux en particulier, certains proposent l’instauration de comités scientifiques associatifs assurant un suivi des projets. Plusieurs entendent capitaliser sur les retours d’expérience de projets pilotes déjà à l’eau  dans d’autres pays, notamment Ecosse et Espagne.

Surtout, ils rappellent que le délai entre le lancement d’un appel d’offres et l’entrée en service d’un parc, de 7 à 8 ans au minimum, leur laissera au moins trois ans pour intégrer les enseignements des fermes pilotes en cours de conception et construction.

L’indispensable planification

Tous acteurs confondus, c’est aussi une attente pour une véritable planification de l’éolien offshore qui s’est exprimée lors de ce débat public. « Comme pour les autres façades maritimes, les acteurs demandent de la visibilité, au-delà des échéances à 10 ans de la planification pluriannuelle de l’énergie, et avec plus de précision que les documents stratégiques de façade, souligne la présidente de la CNDP Chantal Jouanno dans son bilan. À l’évidence, la planification est une condition du déploiement de l’éolien en mer à plus grande échelle. »

L’exercice a permis de formuler 30 propositions du public et 29 recommandations reprise dans le rapport, qui sera présenté au public le 11 janvier prochain.

L’Etat dispose désormais de trois mois pour apporter des réponses avant de se prononcer sur sa décision de suspendre, modifier ou poursuivre ses projets.

* DGEC – direction générale de l’énergie et du climat du Ministère de la transition Ecologique

POINTS DE REPÈRE

A consulter dans la base de données d’energiesdelamer.eu sur la CPDP Méditerranée dans le Business Directory : Biographies des membres de la commission particulière de Méditerranée

Le 27 octobre 2022, entre 14h et 18h, des auditions scientifiques co-organisées par la CPDP Méditerranée avec B-Bornemann Conseil, se sont déroulées sur quatre thématiques :

Session 1 – Avifaune migratrice

Session 2 – Au grand large

Session 3 – Acoustique

Session 4 – L’évolution du vent

CPDP Méditerranée : Cahier spécial « Retours sur les auditions complémentaires scientifiques »

 


Ne copiez pas l’article, copiez le lien, vous protégez ainsi les droits d’auteur de notre équipe rédactionnelle.
Retrouvez tous les articles concernants la CPDP Méditerranée dans notre BUSINESS DIRECTORY


Publicités Google :