PAPEETE – (Tahiti- Polynésie Française- France) – 05/02/2010 – 3B Conseils – Après la visite, le 3 février 2010, de la ministre chargée de l’outre mer Marie-Luce Penchard, plusieurs options concernant l’exploitation des énergies marines en Polynésie française ont été confirmées et une annonce importante a été faite concernant l’E.T.M. (OTEC en anglais).
Au registre des options confirmées : l’exploitation d’hydroliennes, de SWAC (Conditionnement d’air à partir de l’eau froide de la mer) et d’énergie houlomotrice afin d’obtenir 45% d’énergie renouvelable à l’horizon 2020 (contre 24,7% en 2008). Et tout d’abord l’expérimentation d’une hydrolienne dans la passe « Kaki » de l’atoll de HAO (Tuamotu) (cf photo slide 1) résultant d’une recherche menée par le Cne de Hao, le Gouvernement de Polynésie française, l’ADEME, IFREMER et développée par Electricité de Tahiti (EDT) filiale de GDF Suez, dont les études courantologiques sur 12 mois commencent à partir de ce mois de février 2010, alors même qu’une recherche de financements est d’ores et déjà en cours pour la phase de développement. Ont été aussi confirmés les 4 projets SWAC (Air conditionné à l’eau de mer) en cours que j’ai déjà cités et qui sont constitués par les 6 Mwf du futur hôpital du Taaone, les 15 Mwf du réseau urbain des Frigireis, les 3Mwf de l’hôtel Hilton et du Takau Plaza auquel s’ajoute un mini swac dont l’étude de faisabilité est en cours. Il faut signaler aussi la confirmation de la centrale houlomotrice de Papara d’une puisance de 0,5MW. La Polynésie française entend donc se doter d’un bouquet de moyens technologiques verts complet auquel viendra se joindre un projet de centrale thermique des mers (E.T.M.) technologie qui, je le rappelle, utilise la différence de températures entre les eaux profondes à 4°c et les eaux chaudes de surface pour produire de l’énergie. Contrairement à ce qu’annonce le journal Tahiti Presse ICI, ce projet ne constitue pas « une première mondiale » ni une première dans le Pacifique d’ailleurs ; en effet une première expérience E.T.M. malheureuse avait été déjà tentée en Polynésie voici plusieurs décennies, d’autres expériences E.T.M. sont tentées en ce moment même à Hawaï par les Etats-Unis, et l’Ile de la Réunion avec le projet DCNS de centrale E.T.M, sans doute le plus avancé à l’heure actuelle au niveau mondial (cf. notre article du 11 juin 2009 ICI). Cela n’enlève rien d’ailleurs à l’importance de la nouvelle de ce projet d’implantation en Polynésie. Aussitôt après sa visite, Marie-Luce Penchard a signé donc un protocole d’accord entre l’Etat, le Pays et un partenaire privé, Pacific Otec (pas de lien internet) pour le financement d’une étude de faisabilité d’une centrale thermique des mers en Polynésie française, confirmant une information que j’avais déjà donnée sur ce blog dès le 11 mai 20O9 ICI et les projets déjà évoqués en novembre 2008 ICI.
La convention qui a été signée ce mercredi 3 février dans l’après-midi, est donc l’aboutissement de 2 ans de discussions. Les protagonistes en sont : la France, représentée par sa ministre, la Polynésie Française et des représentants du groupe Pacific Petroleum Company, via la société Pacific Otec, jusque-là pourvoyeur principal d’énergie fossile en Polynésie, et DCNS, leader européen dans la construction navale militaire (et partenaire de notre blog). Pour l’instant la seule donnée technique qu’il soit possible d’obtenir est que le projet (encore un peu flou) consiste en une plate-forme offshore qui pourrait produire 5 MW toutes énergies marines non fossiles confondues formant un « mix énergétique » utilisant l’E.T.M. Cela écarte donc l’éventualité d’un navire-usine E.T.M. tel qu’expérimenté un temps par les chercheurs japonais. Il faut noter aussi que Pacific Petroleum a fondé voici peu Xenesys Pacific Research & Services S.A.S., une nouvelle société basée à Tahiti dont le but se concentrera sur le développement de l’Energie Thermique des Mers (E.T.M) en Polynésie Française, en Nouvelle Calédonie et dans la République du Vanuatu. Il ne fait pas de doute que la Polynésie française dispose dans l’ensemble de l’outre-mer français d’une situation exceptionnellement favorable au développement de l’E.T.M. mais la Polynésie n’est pas le seul territoire de la ceinture tropicale où cela est possible… bien entendu ! Pour l’heure, Marie-Luce Penchard s’est réjouie de s’associer à la Polynésie française « pour entamer cette belle aventure, ce projet innovant et d’avenir ». Il s’agit pour la ministre d’une « volonté partagée de soutenir le développement de moyens de production d’énergie électrique renouvelable, adaptés au contexte polynésien et favorisant l’autonomie énergétique du Pays« . Au travers d’un tel projet, « c’est l’outre-mer qui peut montrer la voie de l’excellence », a-t-elle encore précisé. L’Etat finance à 50% cette étude de faisabilité, d’un montant total d’un peu plus de €1,09 millions (131 millions francs cfp ). Les trois autres partenaires sont, je le rappelle, le Gouvernement de Polynésie française, Pacific Otec et DCNS qui se partagent à parts quasi égales les 50% restants.
Article : Francis ROUSSEAU
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