HONOLULU – (Hawaï – Etats-Unis)  –  10/02/2010- 3B Conseils – C’est ce que laisse entendre en tout cas le blog Hawai Energy  Options tenu par le journaliste Doug Carlston qui fut pendant plus de 10 ans porte-parole de Hawaiian Electric Company (HECO).  Il semblerait en effet que  les procédures mises en place par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) soient si « lourdes » qu’il sera impossible matériellement à la première centrale E.T.M. commerciale américaine de voir le jour avant au moins 2020. La constatation part des travaux préalables demandés par la NOAA qui considère que  le développement commercial de l’Energie Thermique des Mers  – E.T.M. –  (OTEC en anglais) entraînera des perturbations de l’environnement marin tout à fait nouvelles sur lesquelles l’administration  avoue ne posséder aucun retour d’expérience préalable.  En effet la NOAA considère que le pompage de très grands volumes d’eau chaude en surface et le pompage de très grands volumes d’eau froide dans les profondeurs nécessaires à l’exploitation de l’E.T.M. ainsi que leur rejet ultérieur après utilisation se traduiront forcément par un impact sur le biotope marin. La NOAA ajoute que le stress supplémentaire subi par ces mouvements d’eau pourrait être amplifié lors des rejets par l’usage de biocides et les différences de température des eaux. Heureusement la NOAA avoue que tout ne sera pas forcément négatif dans ces mouvements d’eau et qu’un certain nombre d’effets positifs sur les récifs de coraux (entre autres) ont commencé à être listés lors des premiers essais à Hawaï.
Bien que des informations plus détaillées manquent encore pour affirmer que le pompage et le rejet de telles quantités d’eaux froides et chaudes n’ont pas d’effet notoire sur l’environnement marin, la croissance de la micro flore marine et la reproduction des poissons (la destruction des oeufs de poissons et autres micro organismes en suspension constituant visiblement un problème), il semblerait que la NOAA en soit malgré tout arrivé à la conclusion qu’en terme de bénéfices/inconvénients, les bénéfices de l’utilisation de l’E.T.M. se révèlent toutefois  supérieurs aux inconvénients. Pour se prémunir de tout risque de procès futur ou d’accusation de s’être lancée dans une technologie dangereuse pour l’environnement sans en avoir pris les mesures nécessaires  auparavant,  il parait nécessaire à la NOAA de surveiller de très près et pendant un laps de temps assez long (on parle de 5 ans)  l’exploitation de l’usine pilote E.T.M. de façon à  éliminer si ce ne sont toutes, du moins la plupart des incertitudes qui subsistent. Cinq années d’expérience c’est donc le temps minimum que la NOAA demande avant de donner son feu vert. Cinq années auxquelles il convient d’en ajouter encore cinq pour la construction de l’usine-pilote elle-même. Un pari sur 10 ans donc, qui semble effrayer les investisseurs américains dans le climat actuel d’incertitude financière. Pourtant chacun à Hawaï s’accorde à reconnaître qu’il faut absolument trouver une solution à la dépendance pétrolière de l’île. Cette prudence affichée par la NOAA ne plait pas à tout le monde et beaucoup l’accusent à mots couverts  d’être un frein au développement de l’E.T.M. à Hawaï.
Quoi qu’il en soit, cela n’est pas mauvais pour l’E.T.M. français dont les deux projets actuellement en cours d’évaluation à la Réunion (cf. un de nos articles sur le sujet  ICI) et en Polynésie (cf. notre récent article ICI) sous la houlette de notre partenaire DCNS, deviennent du coup des projets-phare. Cela ne manquerait pas d’ironie si cette technologie (dont j’ai déjà souvent rappelé qu’elle était d’origine française), après avoir été inventée en France puis délaissée par la France pour être récupérée par les Etats-Unis et le Japon, revenait sur le devant de la scène pour permettre à la France d’occuper une première place dans une des technologies d’énergies renouvelables marines les plus prometteuses. Il se pourrait bien que ce soit  ce qui est entrain de se produire, l’usine pilote ETM implantée a la Réunion par DCNS étant prête à fonctionner à partir de 2014.  
Télécharger le PDF de l’enquête des effets de l’ETM sur le milieu marin de la NOAA en anglais ICI 

Article : Francis ROUSSEAU

Docs/ Sites liés. Photo : 1. Installation de l’usine pilote ETM d’Hawaiï 2. Préfiguration d’usine ETM


Publicités Google :