(WASHINGTON D.C – Etats-Unis) – 20/05/2009 – energiesdelamer.eu – Deux scientifiques américains travaillant pour le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA viennent de mettre au point une nouvelle technologie de production d’énergie à partir de l’eau de mer. Encore la NASA? et bien oui! encore la NASA! La technologie très innovante mise au point par Jack Jones, et Yi Chao (de la NASA donc!), est une nouvelle sorte d’exploitation d’énergie hydrologique tirée de l’eau de mer. Je m’explique. Cette technologie utilise de l’eau de mer pour générer non pas directement de l’électricité comme le font les hydroliennes ou les récupérateurs d’énergie de vagues mais un mouvement liquide à haute pression.
Ce liquide sous haute pression est ensuite transporté sur la rive (toute proche) où il est utilisé pour produire de l’électricité à terre dans une centrale hydraulique de type classique. Caltech (ou California Institute of Technology si vous préférez) qui exploite le Jet Propulsion Laboratory de la NASA détient le brevet de cette nouvelle technologie énergétique. Cette technologie hydrocinétique brevetée JPL / Caltech est indirectement née d’un projet de recherche visant à trouver de nouvelles façons d’apporter aux véhicules-robots sous-marins une source d’énergie renouvelable permanente.
A l’heure actuelle en effet la plupart des véhicules robotisés fonctionnent sur batteries, et doivent être récupérés par des navires chaque fois qu’il faut recharger les batteries ou les remplacer.
C’est dans le cadre de ce projet visant à rendre énergétiquement autonomes des véhicules robotisés submersibles d’exploration et de rapatriement d’échantillons, que Jones a été conduit à élaborer une nouvelle façon d’utiliser les différences de température océanique pour tirer de l’énergie. Jones avait déjà développé auparavant des ballons » thermiquement contrôlés » pour l’exploration des planètes Vénus, Mars et Titan. Lorsque l’ingénieur Jones a été associé avec le scientifique Chao, qui a déjà mis au point de son côté et toujours pour la NASA, un système de planeurs sous-marins utilisés dans la recherche océanographique, il a déclaré : » J’ai tout de suite vu comment, ensemble, nous pourrions prolonger la vie de ces véhicules sous-marins grâce à l’énergie de l’océan lui-même « .
COMMENT ÇA MARCHE ?
Sans entrer dans tous les détails de cette technologie novatrice, Jones et Chao proposent de puiser dans la force des courants marins et des vagues mais aussi dans le débit de fleuves turbulents, la source d’énergie nécessaire pour mettre sous haute pression un autre liquide que l’eau de la mer ou de fleuve. » Le truc était de mettre la main sur une substance spéciale reconnue pour se transformer de solide en liquide quand la température de l’environnement passe de froid à chaud « , déclare Chao. On pense immédiatement à de la glace par exemple, au hasard… » Quand le matériau fond dans son compartiment, continue Chao, sans pour autant nommer le matériau en question, il comprime en se répandant un tube central dans lequel un liquide d’une nature différente est aussi entreposé. C’est ce dernier liquide désormais mis sous haute pression, qui est utilisé pour produire de l’électricité et pour recharger la batterie sous l’eau « .
A mesure qu’ils travaillaient sur ce projet, les deux chercheurs ont réalisé qu’ils pourraient utiliser ce concept pour produire de l’électricité non seulement au niveau d’une batterie isolée mais à beaucoup plus grande échelle, au niveau d’une centrale hydro-électrique. Le transfert d’énergie hydrocynétique permettrait alors à l’eau d’arriver sous pression dans la centrale hydro-électrique terrestre directement vers les turbines qu’elle ferait tourner, la vitesse de rotation des rotors étant augmentée par une boîte de vitesses, entraînée par la forte pression du fluide. » Utilisant ainsi de l’eau douce en cycle fermé, il n’y aurait aucun rejet ni impact direct sur la mer, la rivière ou l’écosystème concerné « , ajoute Chao.
» L’avantage majeur de ce modèle technologique, précise Jones, étant qu’il supprime tous les composants électriques immergés, habituellement soumis à la corrosion « . Cela résout aussi le problème du transfert de la puissance générée en mer par les turbines vers la rive par câbles électriques sous-marins difficiles à entretenir et dont l’ensouillage est coûteux.
» Notre système a également un autre avantage, ajoute Jones, la pression hydraulique obtenue en mer peut être stockée dans un réservoir surélevé à terre et peut être utilisée pour produire de l’électricité quand il est nécessaire de répondre à la demande d’énergie. La plupart des systèmes énergétiques renouvelables ne produisent, même en mer, de l’électricité que par intermittence « .
Reste que comme pour toute nouvelle technologie, l’arbitrage ultime sur son avenir appartient aux résultats des études d’ingénierie des systèmes et surtout à la sanction du coût de production. Paul Dimotakis, chef de ce projet technologique au JPL de la NASA conclut : » Ce n’est qu’à la condition que ces études préliminaires soient prometteuses, que la prochaine phase de développement sera entreprise « .
Jones et Chao vont faire une présentation de leur nouvelle technologie au nom du Caltech et de la NASA à la conférence Ocean Offshore and Arctic Engineering (OMAE 09) de l’American Society of Mechanical Engineers (ASME) qui aura lieu sous peu à Honolulu (Hawaii) (cf. le calendrier dans la colonne de gauche du site).
Tous les détails sur cette nouvelle technologie en anglais sur le site de la NASA, ICI
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : Sites Liés. Photos : simulation de la technologie de transport hycrocynétique d’énergie © Caltech-NASA
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