BREST (France) – 13/10/2008 – 3B Conseils -Alors que s’ouvre aujourd’hui au Quartz de Brest, la Sea Tech Week dont les Entretiens Science et Ethique sont la manifestation grand public, on attend avec une certaine fébrilité d’éventuelles déclarations en faveur des énergies marines. Ouest France annonçait même la venue d’un représentant de l’Etat, en l’occurrence éventuellement le ministre de l’énergie, de l’écologie et du développement durable, Jean Louis Borloo. L’heure semble être effectivement aux choix et il est encore temps de faire les bons à condition que l’Etat s’exprime sur le sujet, ce qui, jusqu’ici, n’a guère été le cas. Pourquoi le ministre ou un représentant de l’Etat s’exprimerait-il à Brest ? Parce que la Bretagne, entourée d’eau, semble être LE gisement naturel par excellence de l’hexagone pour les énergies marines. Elle aurait même à terme l’ambition de devenir un pôle international dans ce domaine. Les acteurs locaux en tout cas veulent y croire, même s’ils ne sont pas prêts à aller aussi loin que le ministre britannique qui veut faire de l’Ecosse l’Arabie Saoudite de l’énergie marine ! Plusieurs projets sont déjà en cours d’expérimentation ou de montage en Bretagne : certains sont déjà connus de nos lecteurs comme l’hydrolienne du Consortium Sabella qui a été immergée pour des essais tout l’été à Bénodet, ou le projet de parc hydrolien de Paimpol-Bréhat, d’autres sont un peu moins connus comme les parcs éoliens offshore de Saint-Brieuc (projet Poweo) ou les projets offshore d’Enertrag. La Bretagne aurait effectivement bien tort de se laisser rafler par d’autres pays européens, une place que ses gisements locaux naturels l’autorisent à revendiquer. Hydroliennes (turbines actionnées par les courants), éoliennes en mer, énergie des vagues, et pourquoi pas, biodiesel algal… le gisement est considérable et durable. Y a plus qu’à !
Ifremer,l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et la Région Bretagne se disent prêts à faire de Brest, déjà place majeure de l’océanographie et de la Bretagne un pôle de recherche et d’industrie des ERM ouvert sur l’exportation, à condition toutefois que l’État s’engage. » Nous attendons des initiatives de l’État dans les jours qui viennent « , a précisé André Lespagnol, vice-président du Conseil régional de Bretagne, en charge de la recherche, à Ouest France. Ifremer a déjà rédigé une étude qui sera complétée à la fin de l’année et qui pose, données économiques à l’appui, un diagnostic des sites français potentiellement capables d’exploiter les énergies de la mer. D’autres acteurs nationaux importants pourraient apporter leur concours en tant qu’ industriels-constructeurs comme DCNS ou en tant qu’investisseur comme EDF. Toujours à Brest, du côté de la recherche et de l’enseignement, l’UBO, l’ENIB (Ecole nationale d’ingénieurs de Brest), l’Ecole Navale, le lycée scientifique et technique professionnel Vauban ou l’ENSIETA (Ecole nationale supérieure des ingénieurs des études et techniques d’armement) prennent aussi la chose très au sérieux. » Les énergies marines renouvelables, avec ce qu’elles induisent de recherche et d’enseignement, sont un enjeu majeur pour la Bretagne « , a estimé Pascal Olivard, président de l’Université de Bretagne Occidentale, ajoutant qu’il n’était pas trop tard pour faire émerger un pôle mondial autour de ces énergies. De son côté Ifremer, et son PDG Jean-Yves Perrot, se disent prêts à inscrire les énergies renouvelables dans le futur plan stratégique de l’institut qui définit les axes de travail pour les 10 années à venir : » Notre devoir, c’est de poser la question à l’État « , confirme-t-il.
Reste à savoir quelle(s) réponse(s) va donner l’État. Les partenaires locaux attendent lors de la Sea Tech Week » une déclaration d’intention » d’un représentant de l’État. Les questions à régler qui impliquent l’engagement de l’Etat sont nombreuses. Les entretiens Science et Ethique du 14 au 17 octobre apporteront des réponses avec les interventions de Catherine Bersani, MEEDDAT, de François Clin sous directeur de l’énergie à la Direction de la Technologie/Environnement du ministère de la recherche, Christophe Le Visage du Secrétariat général à la mer, Jérôme Bignon, député de la Somme, Président du Conservatoire national du Littoral, ancien président du COMOP pour le Grenelle de l’environnement ou l’Amiral François de Saint Salvy, préfet maritime de l’Ouest Atlantique, qui jusqu’en août dernier était en charge de la feuille de route pour la présidence française de l’Union européenne à l’Etat Major de la Marine.
Ainsi par exemple la question juridique concernant la réglementation des implantations en mer qui reste très imprécise pour l’instant (c’est un euphémisme!) et est une source potentielle de conflits d’usagers. Cette réglementation devra être précisément définie, à l’image de ce qui se fait dans d’autres pays européens comme le Portugal ou la Grande Bretagne et cela ne peut se faire sans la participation active de l’Etat. Ainsi aussi la R&D, qui aurait besoin en France du même type de marques d’intérêt que celles montrées aux Etats Unis par le biais du DOE. Enfin, reste la question du rachat de l’électricité dont les tarifs pourraient être modulés en fonction des investissements et de la rentabilité. Le Portugal, déjà cité parce que déjà producteur d’énergies renouvelables de la mer, a fixé un tarif de 0,23 € le kilowatt éolien offshore contre 0,13 € en France. L’Écosse, le Canada, la Norvège, les États-Unis, l’Australie, planchent sur cette question. L’Etat dans ce domaine encore émergeant des énergies renouvelables a peut-être voulu se donner le temps de l’observation et de l’analyse des technologies… mais tout d’un coup le temps commence à presser.
Article : Francis ROUSSEAU
Documents de référence : Ouest France ; 3b conseils ; sites liés. Carte : carte de la vitesse des courants marins en Bretagne et Manche Cotentin (cliquez sur l’image pour l’agrandir).
Cette année les entretiens Science et Ethique qui ont lieu du 14 au 17 Octobre au Quartz de Brest dans le cadre de la Sea Tech Week sont présidés par Michel Ricard, président du Comité national de développement durable. Ils auront pour thème : « Croissance bleue ? Patrimoine maritime, ressources et économies du littoral.
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