LE HAVRE – (France – U.E.) – 26/01/2011- energiesdelamer.eu – Il n’aura échappé à personne que trois des cinq sites d’installation de parcs éoliens offshore retenus hier par l’Etat sont situés sur les côtes normandes (Courseulles-sur-mer, Fécamp, Dieppe-Le Tréport). Si l’on ajoute à cela une position géographique privilégiée (Manche/Mer du Nord) par rapport aux futures fermes du littoral Sud du Royaume-Uni, n°1 dans le domaine pour encore de nombreuses années, le port du Havre pourrait bien faire figure tout à coup de pôle incontournable dans le domaine de l’éolien offshore européen.
C’est pourquoi sans doute, la région Havraise a choisi, depuis déjà quelque temps, de se positionner comme un centre industriel de premier plan pour cette filière. Les acteurs locaux, sous l’impulsion de Havre Développement, l ‘un des 4 clusters français dédiés à l’éolien offshore, se préparent en effet depuis un an à mettre en place une filière capable de répondre à l’ensemble des besoins des développeurs de parcs. Notamment ils constituent des groupes de travail (industrie et logistique ; innovation et composants ; formation GPEC ; maintenance ; services), ils produisent des analyses comparatives étudiant les techniques de gestion, les modes d’organisation des autres places portuaires et sites éoliens offshore européens (danois notamment) afin de s’en inspirer et d’en retirer le meilleur. Fort de cette position qui pourrait permettre de créer 2000 d’emplois directs (sur les 60.000 prévus par l’ADEME dans l’éolien d’ici 2020), le comité d’expansion économique de la région havraise tient à faire valoir sa capacité à répondre aux exigences de la filière de l’éolien en mer : localisation géographique au coeur des projets, compétences industrielle et logistique, maintenance, formation.
Un rapport » Eolien offshore : vers la création d’une filière industrielle française? » de Price WaterHouse Coopers (PwC) publié le 13 décembre 2010 (PDF du rapport ICI) vient conforter ces espoirs. On peut y lire notamment qu’alors que si « dans le domaine de l’éolien onshore les activités industrielles se réduisent souvent à de la sous-traitance de rang 1 et les acteurs français sont peu référencés chez les fabricants » par contre « dans l’éolien l’offshore, les géants de l’énergie français sont présents. A l’image d’Areva et d’Alstom qui ne fabriquent des turbines que pour l’offshore ». Et le rapport d’ajouter que « Contrairement à l’énergie photovoltaïque, dont la plupart des panneaux solaires sont produits dans des pays low cost, l’énergie éolienne ne peut être complètement délocalisée. L’assemblage notamment ne peut être réalisé qu’en France « .
Même si aujourd’hui la France n’a pas la maîtrise de la fabrication d’une éolienne offshore en totalité, certains industriels français et européens réfléchissent déjà à l’opportunité d’installer des sites de fabrication d’éléments sur la façade Manche ou Atlantique : EADS a d’ores et déjà lancé la fabrication de pales éoliennes onshore et ambitionne de se positionner comme leader des pales offshore à l’horizon 2015. La fabrication de fondations offshore (fixes ou flottantes) est également un des axes de développement industriel pour de nombreux acteurs de la construction navale, tout comme les sous-stations en mer. La fabrication de navires et barges capables de transporter et d’installer les éoliennes en mer fournit aussi un nouveau débouché aux chantiers navals.
Pour multiplier les chances de succès dans la mise en place d’une filière industrielle française éolienne en mer, les agglomérations du Havre et de Saint-Nazaire ont officialisé leur collaboration le 13 décembre 2010. Anticipant l’appel à projets du gouvernement, les deux estuaires ont décidé ainsi de coopérer aux niveaux politique, économique et scientifique, renforçant mutuellement leur potentiel et leur attractivité. Création d’un annuaire de compétences, actions communes de lobbying et de communication, développement d’une logistique inter-portuaire, mutualisation de moyens de maintenance et de formation, études menées conjointement, partenariats R&D et formation… Les pistes concrètes de collaboration sont nombreuses, ouvrant ainsi la voie à une filière nationale performante et rationnelle en termes de production, de mise en place et de maintenance.
Pour le Havre la configuration qui se dessine serait la suivante : sites de test (zone industrielle et portuaire du Havre), site de réception d’éléments et de production industrielle (zone industrielle et portuaire du Havre), site d’assemblage final et de préparation à l’installation (port du Havre), base de maintenance à terre à Fécamp. Le contrôle de la production électrique pourrait également être géré à partir à partir de Fécamp.
Le périmètre havrais bénéficie en outre d’une longue tradition dans le secteur de l’énergie avec la proximité de trois centrales thermiques et nucléaires (Le Havre, Paluel, Penly), représentant 12 % de la production d’électricité en France.
La formation, élément indispensable pour la continuité des activités liées à l’éolien en mer, n’est pas négligée. En partenariat avec l’Université du Havre, la très active plate-forme technologique de Fécamp (PFT), spécialisée dans les énergies renouvelables, réunit centre de ressources, lieu d’expérimentation et de démonstration, recherche appliquée, assistance technique et conseil. Le PTF se voit en relais idéal pour accueillir les formations liées aux métiers de l’éolien en mer.
Les diverses parties ont maintenant un plus d’un an pour affiner leur stratégie, car je rappelle que si les 5 sites ont bien été définis par l’Etat comme promis hier, l’appel d’offres pour la construction sera ouvert au 2e trimestre 2011 seulement et les bénéficiaires des concessions pour cette première tranche d’appels d’offres seront définitivement déterminés en 2012.
Article : Francis ROUSSEAU
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