LONDRES – (Royaume-Uni – U.E.) – 2è partie – 27/09/2010 – energiesdelamer.eu – Parmi les 37 parcs qui ont déposé leur permis de construire, dont la liste complète est publiée dans le chapitre 1 de ce bilan de l’éolien offshore britannique, il y a 4 méga-projets qui retiennent particulièrement l’attention.
Le premier d’entre eux, Dogger Bank, quand il sera réalisé, engrangera à lui tout seul 9000 MW (9 GW) soit 1000 MW de plus que ce que la France compte produire en éolien offshore d’ici 2020 ! l’équivalent de 9 tranches de nucléaire pour employer une échelle de comparaison que les télévisions affectionnent particulièrement !
– DOGGER BANK. Surtout connu jusqu’alors des amateurs de météo marine, ce nom que certains ont déjà transformé en « Dogger (big) Bang » va devenir désormais LE spot des énergies marines renouvelables en Europe et, d’ici peu, synonyme du parc éolien offshore européen le plus démesuré qui ait jamais été imaginé. Ce projet fou, mais bien réel, a été imaginé avec le soutien actif du Crown Estate (qui goûte peu le sens de l’humour en matière d’investissements) et par le consortium Forewind formé du géant pétrolier norgévien Statoil (25%), d’un autre norvégien d’importance Statkraft (25%), de Scottish and Southern Energy (SSE) (25%) et de RWE npower Renewables (25%). Ce consortium entend développer son futur mega-parc sur la superficie hallucinante de 8660 km2 (866 000 hectares !).
Lorsque l’on parle de soutien actif de la part du Crown Estate, il faut entendre un investissement arrêté dans le Round 3, à hauteur de 50% des coûts de développement générés par les études et les dépôts de permis inhérents à ce projet. Il est prévu que cet investissement cesse pendant la phase de développement du parc proprement dite mais le Crown Estate restera présent pour, selon son expression, « assister le développement rapide du parc « . Je reviendrai d’ailleurs dès demain sur les derniers engagements pris par le Crown Estate la semaine dernière à propos des projets d’énergies houlomotrice et hydrolienne au Royaume-Uni. Concernant le projet Dogger Bank, il faut savoir que la zone choisie par le Crown Estate concentre une capacité potentielle de 13 GW soit 10% des besoins de tout le Royaume-Uni (que le Crown Estate ne s’interdit pas d’exploiter rapidement !). Les 9 GW prévus pour Dogger Bank par le Crown Estate dans son round 3 se répartiraient en 3 phases de 3GW, la première connexion au réseau devant avoir lieu en 2016 et la dernière à l’achèvement complet du parc en 2023. Situé en Mer du Nord par 55.205° de latitude et 2.329° de latitude, ce domaine éolien offshore serait absolument invisible des côtes puisque situé entre 125 et 290 km du rivage par des fonds variant de 18 à 63 mètres ! Pour l’instant ce sont 2500 éoliennes de 3,6 MW qui ont été prévues pour l’alimenter, mais le consortium Forewind a laissé clairement entendre que cette prévision ne constituait en aucun cas un engagement et que les partenaires opteraient pour les aérogénérateurs les plus puissants existant sur le marché et les technologies les plus en pointe au moment de la construction. Il y a fort à parier donc que d’ici 2023 on voit sur ce domaine éolien quelques centaines de turbines 3,6 MW, (sans doute de quoi atteindre 1 GW), quelques centaines de turbines de 5 et 6 MW et, peut-être, une centaine ou quelques dizaines de futures turbines de 10 MW, encore hypothétiques aujourd’hui. En tout état de cause, Dogger Bank sera bien le théâtre de toutes les démesures !
Les 9 GW de capacité prévue devront alimenter plus de 5 millions de foyers, et épargner les rejets dans l’atmosphère de 1 070 360 tonnes de CO2 et 236 520 tonnes de SO2 ! Le calendrier de développement arrêté pour ce projet a été le suivant : la proposition a été déposée au Round 3 du Crown Estate le 4 juin 2008 et approuvée le 8 janvier 2010. Le permis de construire de la première tranche (3GW) est attendu pour 2010 ; les autres pour 2014. Le début de la construction de Dogger Bank est précisément prévu pour avril 2015. La première connexion au réseau devra avoir lieu en octobre 2016. L’achèvement et la connexion du reste des tranches au réseau est prévu pour 2023. Dogger Bank possède son propre site web où l’on peut suivre le déroulement des opérations.
– EAST ANGLIA aussi appelé East anglia Array Zone 5. C’est le second méga-projet des Britanniques (Round 3 du Crown Estate) qui prévoit de développer 6 fois 1200 MW soit 7200 MW (7,2GW) en six tranches égales concentrées dan un périmètre de la Mer du Nord compris entre 52.234° de latitude/2. 478° de longitude pour la tranche 1 et 52.638°de latitude/2. 256° de longitude pour la tranche la plus éloignée sur une superficie totale de 6000 km2 (600 000 hectares), la zone 1 occupant 300 km2 et les 5 autres zones étant très concentrées au Nord. Développés par un consortium soutenu par le Crown Estate et formé à parts égales de Vattenfall et SSE avec la participation d’Iberdrola Renovables, les parcs seront situés entre 14 et 55 km des côtes du Suffolk et de Norfolk par des fonds variant entre 5 et 73 m et devront alimenter plus de 3 millions de foyers. Aucun type de turbine n’a été choisi pour l’instant. Le permis de construire sera déposé en 2012 et le consortium espère obtenir son approbation la même année de façon à commencer la construction des parcs en 2015. La première tranche devrait délivrer de l’électricité au réseau dès 2018 selon les estimations du Crown Estate. East Anglia possède son propre site web.
– IRISH SEA. Situé en Mer d’Irlande face au Pays de Galles, par 53.762° de latitude et -4 395° de longitude, ce parc, inclus dans le Round 3 du Crown Estate, prévoit de développer 4200 MW (4, 2 GW). Porté par Centrica Energy, ce parc aux éoliennes de modèle et de puissance non définis à l’heure actuelle, sera réparti sur 2172 km2 (217 200 ha) à 37,7 km des côtes par des fonds de 26 à 74 mètres. Il alimentera plus de 2.300.000 foyers et épargnera les rejets dans l’atmosphère de 4 746 168 tonnes de CO2 et 110 376 tonnes de SO2. Proposé au Round 3 du Crown Estate, il a obtenu son autorisation le 8 janvier 2010, cependant le début des travaux de construction n’est pas attendu avant 2016. Centrica prévoit son raccordement au réseau en 2020, c’est-à-dire juste à temps pour être comptabilisé dans l’objectif de réduction de CO2 que s’est fixé le Royaume-Uni à cette date. Ce parc possède une fiche sur le site de Centrica ICI.
– HORNSEA. Situé en Mer du Nord, par 53.958° de latitude et 1.539° de longitude ce parc, inclus dans le Round 3 du Crown Estate, prévoit de développer 4000 MW (4GW). Co-propriété à parts égales du consortium formé de Siemens Project Ventures et Mainstream Renewable Power, ce parc développé par SmartWind, aux éoliennes de modèle et de puissance non définis à l’heure actuelle, sera réparti sur 4735 km2 (473 500 ha) à 99,5 km des côtes par des fonds de 24 à 59 mètres. Il alimentera plus de 2.200.000 foyers et épargnera les rejets dans l’atmosphère de 4 520 160 tonnes de CO2 et 105 120 tonnes de SO2 . Proposé au Round 3 du Crown Estate, il a obtenu son permis de construire le 8 janvier 2010. Le début des travaux de construction est programmé pour 2014 et son raccordement au réseau pour 2018. Ce parc possède un emplacement fiche sur le site de SmartWind ICI.
D’autres projets (cf. la liste donnée dans le bilan/1) totalisent des capacités impressionnantes de 2 à 3 GW, mais, à eux seuls, ces 4 méga-projets réalisables avant 2020 totalisent 24,4 GW (24.400 MW) soit 4 fois plus que l’objectif français en matière d’éolien offshore d’ici 2020 ! Cette comparaison à elle seule annule toute sorte de velléités de compétition ! Et l’on voit bien que la France et le Royaume-Uni (pour ne citer que lui aujourd’hui) n’ont pas du tout les mêmes ambitions dans le domaine de l’éolien en mer et qu’il faudrait cesser de parler de « retard », là où il serait plus juste de parler, pour le modèle français, de choix énergétique radicalement différent.
Franchement : c’est loin d’être un scoop !!!
Mais je continuerai dans les semaines à venir d’appuyer la démonstration dans ce tour d’Europe par deux autres grands développeurs d’éolien en mer : le Danemark et l’Allemagne.
Article et synthèse : Francis ROUSSEAU
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Points de repère
A LIRE AUSSI SUR LE SUJET :
– Energie éolienne offshore au Royaume Uni : Bilan 2010/1 (23 Septembre 2010) –
– Energie éolienne au Royaume Uni : Bilan 2010/2 (24 Septembre 2010)
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