France – 03/04/2024 – energiesdelamer.eu.
Le 8 mars dernier, Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle Aquitaine, a adressé un courrier à Bruno Le Maire, ministre de l’économie*. Il y rappelle que la construction d’une filière industrielle et la réindustrialisation d’un territoire s’inscrivent dans le temps long selon une certaine planification. Il pose ainsi la question de l’anticipation des besoins dans une incertitude qui va croissante quant aux engagements de l’État sur les transitions écologiques et énergétiques dans le cadre des Cop territoriales » (démarche planification écologique fixant un cap collectif pour 2030, à l’échelle d’une région).
Par ailleurs, dans un courrier adressé au Premier ministre le 7 février dernier, il souligne que « l’avant-projet de loi sur la souveraineté énergétique n’apparaît pas à la hauteur du défi, comme l’illustre la suppression de l’objectif de part d’énergies renouvelables dans la consommation brute d’énergie pour 2030 ».
Ainsi, plusieurs interrogations se manifestent dans son courrier. Par exemple sans nommer les lauréats, celui des tarifs d’attribution à moins de 45€MW/h. (Ndrl. pour l’AO3 de Dunkerque ou l’AO4 de Centre Manche 1 ) qui ne semblent pas correspondre à « des critères de robustesse industrielle et financière suffisants pour mener à terme de tels projets industriels », mais aussi la lenteur des procédures.
Pour mémoire, comme pour l’AO5 Bretagne Sud, les résultats de l’appel d’offres AO7 Sud Atlantique Oléron sont toujours attendus à la fois par les acteurs sélectionnés par la CRE le 16 février 2023 et par les élus de l’Ile d’Oléron …et ceux des communes avoisinantes.
energiesdelamer.eu a souhaité interviewer Alain Rousset pour l’amener à développer sa stratégie alors qu’un cahier d’acteurs est en cours d’élaboration pour porter la vision du Conseil régional de Nouvelle-aquitaine dans le cadre du débat public « La mer en débat ».
1 – Comment souhaitez-vous positionner la Région Nouvelle Aquitaine sur le déploiement des énergies marines renouvelables en mer et en particulier l’éolien en mer ?
La part de l’éolien en mer dans le mix énergétique régional des énergies renouvelables, est fixée à 6,7 % en 2030 et 9,4 % en 2050. L’éolien en mer constitue donc une des clés du mix énergétique régional, qui implique de sortir plus rapidement des énergies fossiles, avec des efforts à la fois pour diminuer leur consommation et pour accélérer toutes les formes d’énergies renouvelables, tout en préservant l’environnement et les activités économiques (pêche, tourisme…).
Ce sont même des opportunités pour favoriser la réindustrialisation de la Nouvelle-Aquitaine, en permettant la fourniture d’électricité décarbonée aux industriels et en développant ou renforçant des filières existantes, que ce soit sur l’innovation avec de nouvelles formes d’énergies mobilisées (ex : hydrolien) ou sur des améliorations technologiques (ex : pales recyclables, recyclage des aimants…).
La construction et l’exploitation d’un parc éolien en mer est un projet industriel d’ampleur qui offre l’opportunité à sa région d’accueil de créer une filière locale à forte valeur ajoutée. Le besoin de capitaliser sur un réseau d’entreprises et de compétences régionales est d’autant plus nécessaire que la construction de parcs éolien en mer s’inscrira sur le temps long. Selon une étude portée en 2017 par l’Agence de développement et d’innovation Nouvelle-Aquitaine le « contenu régional » des dépenses liées au projet de parc au large de l’île d’Oléron est estimé entre 22 % et 31 %. En matière d’emploi, cette même étude, démontrait que 650 ETP seraient créés pour la construction du parc, ainsi que 160 ETP par an pour l’exploitation et la maintenance, et 4 650 ETP d’emplois indirects et directs cumulés pendant la période d’exploitation d’environ 30 ans.
2 – L’association Aquitania ports Link possède un atout majeur avec le Grand Port Maritime de La Rochelle, seul port en eau profonde de la façade Atlantique. Possédant de grande surface d’entreposage, il a été en mesure de stocker les fondations du parc en mer du Banc de Guérande. Pour déployer l’éolien en mer, quel soutien la Région peut-elle apporter à Aquitania ports Link en faveur des quatre ports qui en sont membres : Charente Atlantique à Rochefort, les Grands Ports Maritime de La Rochelle et de Bordeaux, et le port de Bayonne ?
L’association AQUITANIA PORTS LINK, créée par les 4 ports néo-aquitains aux côtés de la Région Nouvelle-Aquitaine et de la CCI Nouvelle-Aquitaine, constitue un espace propice aux collaborations et synergies. Dans cette dynamique, les ports de Bayonne, Bordeaux, Rochefort – Tonnay-Charente et La Rochelle sont lauréats ensemble de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) de l’ADEME pour le développement des infrastructures portuaires métropolitaines pour l’éolien flottant. Récemment, la Région a accordé à l’association un soutien régional pour les études définissant l’adaptation des infrastructures des ports de commerce néo-aquitains pour accueillir les activités industrielles liées à l’éolien flottant (250 000 euros, mars 2024).
3 – Le 13 mars, la Région a accueilli un débat organisé par la chaire TRENT de Sciences Po Bordeaux, dans le cadre du débat public « La mer en débat » : « en effet, si l’État souhaite déployer cette filière sur la façade de Nouvelle-Aquitaine qui représente 723 kilomètres de linéaire côtier à hauteur de 7 à 11 GW d’ici 2050, l’appropriation citoyenne et territoriale d’une partie restreinte du territoire régional, que représente les pertuis charentais et ses îles, sera primordiale ». Quels sont les dispositifs en place et ceux que vous comptez créer pour permettre le partage des connaissances et la participation des élus et des citoyens des territoires littoraux de Nouvelle-Aquitaine ?
Actuellement, l’association « Aquitaine Blue Energies » anime avec l’aide d’ADI Nouvelle-Aquitaine la filière sur l’éolien offshore. De plus, la Région Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires opèrent un travail de fond pour faire émerger des start-up dans cette filière, qui soient demain de vraies apporteuses de solutions. Les laboratoires de recherche contribueront également à la compétitivité et au déploiement de la filière en s’appuyant sur les travaux menés en matière d’innovation et de sciences sociales, grâce notamment au réseau R3 TESNA et à la chaire Trent de Bordeaux.
4 – Quels sont les demandes prioritaires faites par la Région aux candidats ?
Dans le cadre de l’appel d’offre en cours porté par l’État, la Région souhaite que les candidats soient particulièrement vigilants sur les retombées locales des projets, pour l’emploi et les habitants, et sur la protection de l’environnement. Par exemple, des mesures d’évitement et réduction des impacts, l’acquisition de connaissances et les suivis écologiques.
* Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
**Aquitania Ports Link est une association loi 1901 créée le 4 juillet 2022, qui rassemble la Région Nouvelle-Aquitaine, la CCI de Nouvelle-Aquitaine, et les quatre ports de commerce de la région – le Grand Port Maritime de La Rochelle, le port Charente Atlantique, le Grand Port Maritime de Bordeaux et le port de Bayonne.
*** Lien avec le débat public du 13 mars (Gérard Blanchard).
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