BREST – (France – U. E.) – 19/11/2010 – 3B Conseils – Un article paru hier dans Ouest France ICI s’interrogeait sur la lenteur des pouvoirs publics en matière de prise de décisions concernant l’implantation des énergies marines en Bretagne et en particulier la publication de la liste des sites propices à l’implantation de l’éolien offshore. C’est un sujet récurant. Et effectivement, soeur Anne (la Bretagne !) a beau scruter l’horizon, elle ne voit toujours rien venir. Cet attentisme étatique commence à émouvoir les élus locaux aussi bien que les industriels. La définition des sites propices que le MEDDM devait initialement communiquer au printemps 2011, puis dont il avait avancé la divulgation en septembre 2010, pour la reculer à nouveau fin octobre 2010, semble avoir sombré dans le mäelstrom du remaniement ministériel ! Mais alors : qu’est devenue cette liste ? Comme le rappelle justement Ouest France, des millions d’euros ont déjà été investis par les collectivités locales et les industriels (dont notre partenaire DCNS) dans de nombreux projets de recherches et développements. Dans le nouveau ministère « éclaté » de l’énergie et du développement durable où l’énergie échoit à Eric Besson alors que le développement durable va à Nathalie Kosciusko-Morizet, de qui dépendra la définition des fameuses « zones propices » ? Ont-elles seulement été définies par les équipes de Jean-Louis Borloo avant son départ, comme les diverses annonces de divulgation d’informations pouvaient le laisser penser ? La liste a-t-elle glissée vers les services du Premier Ministre ? Une scène assez évocatrice de l’état d’esprit et des interrogations qui agitent les spécialistes dans ce domaine s’est produite récemment et pourrait contenir des éléments de réponses. Cette scène a eu lieu devant des industriels français et allemands de l’éolien réunis à Bremerhaven (haut lieu de l’éolien offshore allemand) les 26 et 27 octobre dernier, lors d’une visite-conférence sur l’éolien offshore organisée par le Comité franco-allemand de coordination éolienne, un organisme semi-public qui regroupe industriels et pouvoirs publics des deux pays. Questionné sur la définition des fameux sites propices français tant attendue, le représentant de l’Etat français présent à la conférence, Franck Delplace (DGEC), a semblé se trouver un peu en difficulté, car il ne pouvait pas encore révéler la carte des lieux que les services de Jean-Louis Borloo jugeaient propices à l’implantation de centrales offshore. Au début de son exposé, il a commencé a expliquer : « Nous n’avons pas de sites très favorables ». Explosifs de la seconde guerre mondiale, fonds élevés, contraintes d’usages ont été, comme d’habitude, appelés à la rescousse pour justifier l’affirmation (cette fois au moins on nous aura épargné le couplet sur les radars). Puis le représentant a finit par conclure : « En aucun cas il ne faut se précipiter… ». C’est un discours déjà connu mais qui a cependant soulevé l’étonnement chez plusieurs spécialistes présents. Plus tard dans l’exposé, et en réponse aux questions demandant une explicitation, le potentiel de vent au large des côtes françaises devient « relativement faible » pour enfin se transformer en une phrase qui fait mouche « les vents sont faibles » semant de nouveau un certain trouble chez les personnes présentes ! Bien entendu ces propos n’engage que celui qui les a tenus mais on ne peut s’empêcher de constater que, dès qu’il s’agit de concrétiser les promesses, on s’éloigne passablement des engagements du Président de la République (16 juillet 2009 cf. mon résumé de l’époque ICI) et des propos volontaristes du Premier ministre (discours de Brest de décembre 2009) assurant 3 GW à partir de l’éolien offshore d’ici 2015 et 6 GW d’ici 2020 au large des côtes françaises….
Car, bien entendu, la Bretagne n’est pas la seule région française concernée par cette liste de sites propices tant attendue ; beaucoup d’autres régions françaises y sont suspendues. Toujours lors de cette même conférence de Bremerhaven, il aurait même été dit, en coulisses, à propos du projet offshore de Dunkerque qu’il se situait en zone orange « mais que l’état ne l’autoriserait pas, même hors appel d’offre ». La rumeur prête à Bercy le souhait d’une autre forme d’appel d’offre que l’appel dans son état actuel. Cela pourrait ne pas être un mal tant les critères présentés à Bremerhaven semblaient peu réalistes.
Mais au-delà des rumeurs diverses qui sont toujours à prendre avec la prudence nécessaire, je note pour ma part que dans « la nouvelle donne », en plus du ministère de l’Energie et du ministère du Développement Durable désormais séparés (au revoir MEDDEM !), il faudrait avoir à compter avec un troisième intervenant le Ministère de Finances… Cette intervention est-elle en mesure d’accélérer le (les) projets ?…`

Article : Francis ROUSSEAU

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