ATLANTA (Etats-Unis) – 12/10/2010- 3B Conseils – Alors qu’il s’exprimait lors de la dernière Conférence sur l’éolien offshore de l’AWEA (American Wind Energy Association) à Atlanta le 6 octobre dernier, le Secrétaire d’Etat à l’Interieur, Ken Salazar, a créé la surprise à propos du projet Cape Wind, sans doute le plus controversé de toute la courte histoire de l’éolien offshore. La longue bataille, les multiples controverses et les imbroglios administratifs qui ont entouré ce projet depuis 10 ans, se sont presque achevés en avril 2010 lorsque l’administration Obama a définitivement tranché en faveur du projet. Mais Ken Salazar a appuyé sur le bouton de lancement en quelque sorte de ce projet en procédant, la semaine dernière, à la fin de la Conférence de l’AWEA, à une signature officielle et publique d’un bail fédéral de 28 ans avec Cape Wind Associates. Ce bail concerne une portion de 25 miles carrés (un peu plus de 64 km2) sur le plateau continental américain à 16 miles (près de 26 km) au large des côtes de Nantucket (Massachusetts) où le projet doit être construit. La nouvelle a été immédiatement reprise sur le site du parc éolien Cape Wind avec force photos à l’appui dont celle de la signature qui est en tête de cet article (Intégralité de la déclaration de Ken Salazar à l’issue de la signature ICI) .
Je rappelle que ce projet éolien va être le tout premier parc offshore construit aux Etats-Unis et qu’il concerne la mise en place de 130 turbines qui pourront produire jusqu’à 468 MW d’électricité qui sera vendue à $ 0,18 cents du kilowatt-heure. Ce tarif n’a pas été sans soulever de multiples controverses. Il augmentera la facture des clients raccordés au National Grid d’environ $ 1, 50. Cela représentera une augmentation d’environ 2% pour les clients commerciaux et industriels, ce qui reste très en dessous des 5 à 7% d’augmentation annuelle observés actuellement sur les factures d’électricité à l’échelle nationale américaine. Mais l’on sent bien qu’au-delà des chiffres, ce qui se joue c’est tout l’avenir de l’éolien offshore aux Etats-Unis dont Cape Wind est devenu une sorte de symbole. L’éolien en mer permettra de produire une électricité moins coûteuse, faisant travailler des américains (43 000 emplois devraient être créés) et assurera la sacro-sainte indépendance énergétique de la nation. C’est dans ce but que Ken Salazar a créé en juin 2010 avec les 5 gouverneurs des États de la façade l’Atlantique du pays, un consortium puissant : l’Atlantic Offshore Wind Energy Consortium (détail ICI). En moins de 6 mois le consortium a travaillé à l’élimination des principaux freins au développement de l’éolien offshore, en identifiant clairement et rapidement le meilleur potentiel pour les projets, en procédant à des évaluations environnementales réalistes et en ayant en mémoire le souci d’accélérer le processus d’autorisation en le tenant aussi éloigné que possible des méandres de la bureaucratie.
C’est ainsi qu’il a été identifié que la façade Atlantique des Etats-Unis, à elle seule, avait une puissance potentielle de 330 gigawatts, soit environ deux fois les besoins totaux en électricité des Etats la composant. Devant de tels résultats, le Consortium n’a pas tardé à passer de 5 Etats membres à … 11 Etats et ce en quelques mois, soulignant au passage une belle réactivité des administrations locales, au-delà des clivages politiciens !
A l’issue de la signature définitive du bail de Cape Wind, Ken Salazar a notamment déclaré devant les Membres de l’AWEA dans un silence quasi religieux : « Je suis déterminé à appliquer un objectif d’obtention d’autorisation aussi ordonné, responsable et simple que celui de Cape Wind pour tout le développement éolien en mer sur le plateau continental Atlantique ( …) Comme toute conquête de nouvelles frontières l’implique, il doit y avoir pour celle-ci un cadre clair, de bon sens, basé sur un processus équitable d’exploration et de développement. Avant que nous ayons commencé à déterminer, il y a un an et demi, des feuilles de route précises pour le développement éolien en mer, aucun processus de ce genre n’existait. »
Sur le même modèle que celui appliqué aux projets d’énergie solaire déjà lancés dans le pays, le bail de 28 ans signé par Salazar coûtera 88.278 $ de loyer annuel que Cape Wind Associates devra payer au gouvernement fédéral avant d’entrer en production. Une fois la production commencée, une augmentation de 2% annuels sera appliquée pendant les quinze prochaines années, puis 7% au-delà.
La prochaine étape est maintenant la signature d’un accord entre le propriétaire du parc et le National Grid ou… un autre réseau de distribution d’électricité.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs Sites liés. Photos : Le Secrétaire à l’Intérieur Ken Salazar et Jim Gordon, Président de Cape Wind signe l’accord historique de concession du premier bail éolien offshore sur le plateau continental américain le 6 Octobre 2010.
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