BREST – ( France-U.E.) – 02/07/2010 – 3B Conseils- Le Pôle Mer Bretagne, le Pôle Mer PACA et Capenergies viennent de co-labelliser le projet Espadon porté par DCNS avec la participation de TOTAL et IFREMER. De quoi s’agit- il ? La récupération de l’Energie Thermique des Mers (ETM) dont j’ai parlé dans mon article d’hier (ICI) nécessite, pour sa mise en œuvre opérationnelle et commerciale, un verrou technologique déterminant qui se situe au niveau de la conduite d’eau froide d’une longueur très importante puisqu’elle plonge à des profondeurs pouvant atteindre 900 à 1500 mètres et d’un diamètre assez conséquent, la conduite devant être capable de remonter à la surface d’énormes volumes d’eau. Selon l’un des principes démontrés par l’ingénieur et physicien français Nicolas Léonard Sadi Carnot (1796 -1832), plus les volumes d’eau froide remontés sont importants, plus le fonctionnement du moteur thermique est efficace. Ce problème de tuyau, apparemment simple, est pourtant, jusqu’à aujourd’hui, la cause majeure de l’échec de l’exploitation de l’ETM dans le monde, cause à laquelle se sont heurtés aussi bien les américains que les japonais ou les français qui ont inventé la technologie E.T.M. (est-il encore nécessaire de le rappeler !) . Aux Etats -Unis, le DOE a doté à deux reprises (en 2008 puis 2010), d’importantes subventions l’entreprise Lockheed Martin (cf. article du 24 Mars 2010 ICI) pour résoudre le problème de la résistance de la conduite d’eau froide dans la technologie E.T.M. La principale difficulté rencontrée consiste dans la solidité d’une conduite (verticale) d’une telle longueur et d’un tel diamètre, dans les conditions de pression de l’environnement marin.
Le projet démonstrateur Espadon porté par DCNS et co-labellisé ce mois-ci vise précisément deux objectifs :
1. Débloquer ce verrou technologique par la mise au point d’une architecture de conduite fiable et économique qui sera testée en bassin puis en mer au moyen d’un démonstrateur de taille significative (celui dont j’ai parlé hier éventuellement !). Les études porteront sur l’architecture et sur les matériaux garantissant la résistance et la durabilité dans le temps de cette conduite. Le comportement dynamique influencé par les courants et la circulation de l’eau de mer dans la conduite fera l’objet d’une attention toute particulière. Le projet vise à identifier et à résoudre les difficultés industrielles de fabrication et de déploiement en mer.
2. Mener une étude préalable d’impact environnemental induit par le déplacement des importantes masses d’eau impliquées dans la technologie ETM sur l’environnement marin ; cette étude permettra en outre d’approfondir les connaissances des écosystèmes marins à grande profondeur qui sont encore mal connus, d’où la participation d’IFREMER à ce projet.
Le projet Espadon permettra de démontrer la faisabilité industrielle et économique de la conduite, d’en garantir la fiabilité et d’en mesurer l’impact environnemental. Il servira de base à l’élaboration d’une centrale thermique des mers en mesure de produire de l’électricité renouvelable pour des sites offshore isolés ou des îles. A terme, selon les informations du Pôle Mer Bretagne, le projet permettra de créer trois pôles industriels français permettant de satisfaire les besoins domestiques et de rayonner sur les régions avoisinantes :
– Un Pôle Océan Indien dont l’Ile de La Réunion serait la vitrine avec autour d’elle Mayotte, Maurice et les Seychelles
– Un Pôle Caraïbes avec les Antilles Françaises rayonnant sur toutes les Caraïbes à savoir les Antilles néerlandaises, Trinidad et Tobago…
– Un Pôle Pacifique avec la Polynésie Française, la Nouvelle Calédonie et l’Archipel du Vanuatu.
Article: Francis ROUSSEAU
Docs Sites liés. Photos1. © DCNS 2. ©Lockheed Martin
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