BREST – (France – U.E.) – 08/04/2010 – 3B Conseils – Le 1er décembre 2009 une concertation a été lancée sur les énergies marines renouvelables (EMR) en Bretagne. Elle s’est achevée le 31 décembre 2009. L’objectif de cette concertation était que tous les usagers de la mer puissent prendre connaissance de l’ensemble des données factuelles rassemblées par les services de l’Etat et puissent faire part de leurs observations et réactions sur ce sujet stratégique pour la région Bretagne conformément aux conclusions formulées par le Grenelle de la Mer. Le Préfet de Région et le Président du Conseil Régional ont présidé, le 26 janvier 2010, en présence du Préfet maritime de l’Atlantique, une conférence régionale de la mer et du littoral exclusivement consacrée aux énergies marines renouvelables. (Cf. mon article du 15 janvier 2010 : « Plan éolien offshore breton : écrit sur du vent ? »).
Après un cycle de réunions de concertation dans chacun des départements bretons avec l’ensemble des partenaires concernés, une première synthèse de la  » planification  » a été présentée et discutée lors de la conférence régionale. Un communiqué de presse stipule alors, avec un luxe de précautions oratoires qui n’est pas sans rappeler les très riches heures de la langue de bois, que  » Cette planification, qui doit servir de base à un premier appel à projets et qui sera lancée d’ici la fin de l’année 2010, n’a pas pour objectif de définir des zones où des projets se feront, mais bien des zones où des projets pourront raisonnablement, et en lien avec les acteurs locaux, être étudiés, à l’issue d’un appel à projets national qui sera lancé par l’Etat d’ici la fin de l’année 2010. En ce sens, cette planification est le début d’un processus, non son aboutissement. »
Vous avez bien lu  » le début d’un processus et non son aboutissement  » ! Et qu’importe en effet puisque, c’est bien connu, la France n’est pas du tout en retard dans ce domaine par rapport à ses voisins européens ! Et encore …. c’était avant que le rapport Ollier ne recommande le classement des zones d’exploitation de l’éolien en zone de type Seveso !(cf. article 31 mars 2010). Là tout d’un coup, on avait pris moins de précautions oratoires !
Pour en revenir à la planification elle même, elle conclut – sans engager plus que ça l’Etat, on a bien compris le mécanisme ! – que :  » 4 espaces potentiels, pré-identifiés à l’issue d’un travail préparatoire réalisé sur la base d’un système d’information géographique développé par la Préfecture Maritime de l’Atlantique et des réunions de concertation, ont ainsi été présentés et discutés lors de la conférence régionale de la mer et du littoral : une zone au sud-est de l’île de Groix, une en Baie de Lannion, une en Baie de Saint-Brieuc, et enfin une au large de Saint-Malo. Des 4 zones discutées, celles du Morbihan et de la Baie de Lannion posent des contraintes perçues comme majeures, s’agissant respectivement de leur implantation dans une zone active de servitude de Défense et de leur proximité à la côte.  » (Communiqué de presse du 10 janvier 2010 : Préfecture de Bretagne/ Region Bretagne).
Finalement le rapport lui-même en arrive à conclure (pages 32 à 34) que deux zones propices ont été retenues en Ille-et-Vilaine et Côtes d’Armor.

Concernant l’Ille-et-Vilaine, où je rappelle que 3 projets éoliens différents sont à l’heure actuelle étudiés émanant de trois porteurs de projet différents, au final,selon le rapport, il apparaît que des incertitudes, notamment socio-économiques (pêche) et techniques, demeurent aujourd’hui et que certaines pourraient sans doute être levées dans des délais compatibles avec le calendrier national d’appel à projets :  » C’est pourquoi il est proposé une zone d’environ 68 km2 constituant la meilleure proposition possible compatible avec les connaissances disponibles à ce jour, et une « zone d’incertitude » (ellipse en pointillés sur carte 1 ) sur laquelle se poursuivront, d’ici le mois de juin 2010, les analyses et concertations, dans le but, le cas échéant, d’adapter la taille et le contour de la zone proposée lors de l’appel à projet. Ces analyses complémentaires se nourriront notamment du travail à venir du chargé de mission placé auprès du CRPM, qui permettra de mieux spatialiser les différentes activités de pêche exercées dans le secteur et mesurer leur poids socio-économique. D’autres expertises pourront également être sollicitées en tant que de besoin. »

Concernant les Côtes d’Armor, où la pêche et notamment la pêche à la coquille Saint-Jacques sont des enjeux majeurs pour le département et son économie littorale, les zones d’implantation possibles des futurs parcs éolien en mer tiennent compte en priorité de ces filières qui concernent directement 1100 personnes dont 740 marins pêcheurs et 360 emplois à terre. La pêche à la coquille Saint-Jacques constitue une part primordiale de l’activité des navires côtiers (13 M€ de chiffre d’affaires selon la Préfecture). Les différentes appréciations prises en compte par la Préfecture l’ont conduite à proposer comme propice à l’implantation d’un parc éolien offshore un périmètre au large de l’Ille-et-Vilaine (cf. carte 2) avec  » une zone centrale de 35 km2 constituant la meilleure proposition compatible avec les connaissances disponibles à ce jour, et une « zone d’incertitude » (ellipse en pointillés) s’étendant au nord et au sud de cette zone centrale et sur laquelle pourront se concentrer, d’ici le mois de juin 2010 , des analyses et concertations complémentaires, à l’issue desquelles la zone centrale pourra, le cas échéant, voir son implantation et/ou sa taille évoluer « 

Si le lecteur veut connaître à titre documentaire le détail de cette planification, de même que les réactions à la concertation lancée, il peut télécharger tous les documents en PDF sur le site de la Préfecture de Bretagne ICI y compris les divers courriers adressés en réponse par les parties concernées (associations de professionnels et associations environnementales, élus locaux et porteurs de projets éoliens offshore). Une transparence aussi exemplaire sur de tels dossiers est en soi une mini-révolution de la mentalité administrative française. Qu’il me soit permis de lui rendre un hommage appuyé (à la transparence of course et accessoirement à la révolution qu’elle induit, fut-elle mini).
Je reviendrai dans d’autres articles, et à titre purement documentaire, sur les planifications et concertations lancées dans d’autres régions de France concernées par l’exploitation des EMR et l’implantation de parcs éoliens en mer.
Les lecteurs de ce blog ne manqueront pas de se livrer par eux-mêmes à des comparaisons qui pourront se révéler intéressantes…

Article : Francis ROUSSEAU

Docs Sites liés. Photos : 1. Couverture du document de planification des parcs éoliens offshore en Bretagne. 1. Carte Ille et vilaine ©Rapport Prefecture de Bretagne. 2 Carte Côtes D’armor ©Rapport Prefecture de Bretagne.


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