CHICAGO (Illinois) – 07/11/2008 – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils – C’est une idée dont j’avais déjà rendu compte le 29 septembre dernier (ICI) en pleine crise financière, mais qui au regard de la déclaration du sénateur de l’Illinois et nouveau président des Etats Unis, Barack Obama (à Time Magazine le 22/10/08) prend tout son sens. Il avait en effet déclaré que c’était un programme de l’envergure du « programme Apollo« (1961-1975) qui devait être mis en place en ce qui concerne les énergies renouvelables aux Etats-Unis. C’est une déclaration qui pourrait bientôt commencer à prendre tout son sens, notamment dans les régions les plus économiquement sinistrées d’un pays qui l’est, hélas aujourd’hui, en totalité. Ainsi la région des Grands Lacs nord américains (7 états des Etats-Unis dont l’Illinois et 2 provinces du Canada) possède un potentiel éolien aussi énorme que son territoire. Ces états possèdent aussi, depuis peu hélas, des infrastructures industrielles laissées vacantes ou sous exploitées par l’effondrement conjugué des industries de l’automobile et de l’acier. Ces infrastructures auxquelles la récente crise financière a porté un coup fatal pourraient très bien, dans un avenir que beaucoup souhaitent le pus proche possible, servir à la fabrication, par exemple, des dizaines de milliers d’éoliennes offshore (le chiffre avancé est de 100.000 éoliennes offshore) prévues sur les Grands Lacs et permettre de trouver ainsi une issue durable à la question du chômage dans ces régions. C’est ce qui s’est déjà passé dans le Midwest et les Great Plains avec la douzaine d’usines de fabrication d’éoliennes créées ces dernières années. L’industrie éolienne prenant le relais des secteurs traditionnels sinistrés (mécanique, automobile, acier…), ce n’est pas nouveau mais c’est un phénomène qui risque de s’amplifier fortement si Barack Obama confirme une autre intention exprimée à diverses reprises de remplacer le dopage de l’économie par le crédit bon marché qui a mené là où l’on sait, par un nouveau dopage de l’économie qui reposerait cette fois-ci entièrement sur les énergies renouvelables. Il a même avancé (ICI) le chiffre de 150 milliards de dollars à investir dans les 10 prochaines années dans le secteur des renouvelables.
Le projet des Grands Lacs pourrait devenir, dans ce cas, un excellent premier exemple concret. En effet bien qu’à l’heure actuelle, aucun projet papier n’ait été encore été officiellement déposé, une équipe de juristes aurait déjà préparé les règles du développement de l’éolien offshore sur les Grands Lacs. Le comté de Cuyahoga (Ohio) a investi 1 million de dollars dans une étude de faisabilité portant sur le potentiel d’un parc éolien offshore sur le lac Érié, près de Cleveland. Mais avant que d’en arriver à la pose des turbines sur les lacs, divers législateurs devront déterminer les sites et les droits au bail, dans une concertation inter-états avec les 7 États américains mais aussi dans une concertation internationale avec les 2 provinces canadiennes bordant certains lacs. Ce n’est un secret pour personne que les industriels de l’éolien sont plutôt favorables depuis des années au développement de l’offshore sur les Grands Lacs. La ressource y est connue pour sa constance et son extraordinaire puissance. En 2006, en lançant sa consultation Great Lakes Offshore Wind Technical Gathering le Département américain de l’Énergie (DOE) ouvrait la voie officielle à la possibilité de réalisation d’un tel projet. Au début du mois d’octobre dernier une étude du Land Policy Institute (ICI) dépendant de la Michigan University estimait que 100.000 turbines installées sur le seul lac Michigan, pourrait générer 321.000 mégawatts d’énergie (cf. notre article du 15/10/08).
Un récent communiqué d’Associated Press (ICI) laisse entendre que le Michigan Department of Environmental Quality a procédé dans le courant de l’année 2008 à une simulation de parc éolien offshore, qui a permis de mettre en lumière des questions inédites dont les réponses ne pourraient être fournies que grâce à un arsenal législatif et juridique, encore à trouver. Ces questions tournent principalement autour de ce que nous appelons, en Europe les « conflits d’usage » , aussi bien avec les pêcheurs professionnels des lacs, qu’avec les gestionnaires des compagnies de ferries transfrontaliers qui sillonnent les lacs et bien sûr avec les riverains de deux pays voisins et amis, mais aux législations différentes. Le fait que ces réglementations frontalières impliquent à la fois les US Coast Guards et l’Army Corps of Engineers ne simplifient pas la tâche. La volonté nouvelle affichée si fort à la tête du pays de promouvoir les énergies renouvelables aura-t-elle raison des ces lourdeurs administratives et des perturbations locales, sachant que le projet devra déjà affronter une défi technologique sans précédent ? Relever tous ces défis signerait le retour du grand rêve Américain. Est-ce réaliste ? Le programme Apollo l’était-il ? Et pourtant un homme a bien posé le pied sur la Lune. De nombreux observateurs considèrent qu’un » programme Apollo » et beaucoup de détermination ne seront pas de trop pour relever les défis des renouvelables… à commencer par le défi technologique, juridique et financier que pose le projet sur les Grands Lacs !
Article : Francis ROUSSEAU
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