SOUTH SAN FRANCISCO -(Calif.)- 18/09/2008 – energiesdelamer.eu – Le fabricant de biodiesel algal Solazyme a déclaré à son tour, le 09/09/08, que son kérosène d’origine algo-microbienne a passé haut la main, je cite l’expression « la revue des couleurs ».
Ce kérosène algal mis au point par la firme de South San Francisco à partir d’un dérivé d’algues marines modifiées vient d’être en effet examiné sous toutes les coutures par un laboratoire indépendant d’analyse de carburant de San Antonio, le Southwest Research Institute, et approuvé en tant que kérosène algal dans le cadre du protocole de l’ American Society for Testing and Materials. On ne peut que noter la coïncidence de cette annonce avec celle faite le même jour (cf. notre article ICI) de la mise au point d’un kérosène algal par une équipe de l’Arizona State University, au moment même où des chercheurs européens (allemands et norvégiens) mènent un intense travail de lobbying pour persuader industriels et médias que les biocarburants algaux ne sont pas rentables à exploiter. On a beau ne pas être soupçonneux, ça fait beaucoup ! En tout cas assez pour considérer qu’il se passe définitivement quelque chose d’important au royaume des biocarburants algaux et en particulier du Kérosène algal. Les mouvements de capitaux dans ce domaine l’atteste si besoin était : 3 millions de dollars la semaine dernière pour l’ASU et 45,4 millions de dollars le mois dernier pour Solazyme (cf. nos archives). Peu importe de savoir qui de ces deux prétendants a gagné le premier, car tout comme en matière de transport terrestre, il y a suffisamment de place pour plusieurs compagnies sur la marché de l’approvisionnement du marché aérien. Solazyme estime que le seul marché américain utilise chaque mois 1,6 billion de gallons (6, 05 milliards de litres) de Kérosène. Dans ces conditions effectivement Solazyme a un bel avenir devant lui et le lobby allemand des anti-algaux a du souci à se faire pour sa crédibilité ! Il y a, en effet, peu raison de douter des déclarations de Jonathan Wolfson, PDG de Solazyme, lorsqu’il déclarait le 20 août dernier sur Cnet News (ICI) que » sa compagnie serait en mesure de produire plusieurs millions de litres de biocarburants algaux d’ici à 3 ans contre les quelques milliers de litres qu’elle produit aujourd’hui » .
C’est certes un objectif ambitieux d’autant que, pour l’instant, à ma connaissance, aucune entreprise n’a prévu de structure d’exploitation commerciale avant 2010, mais le carburant est là. Il existe bel et bien et approuvé par les autorités américaines qui ne plaisantent pas trop avec ces choses là. Pour le reste, chacun sait qu’il faut quelquefois un peu forcer les portes pour qu’elles finissent par s’ouvrir… Même si le transport aérien n’est pas prêt de réduire son empreinte carbone, on peut aujourd’hui espérer voir pour bientôt le jour où les avions volant au kérosène algal pollueront moins.
A ce discours très optimiste de la communauté scientifique américaine, il convient cependant d’opposer le discours sceptique des Européens et notamment des Norvégiens qui sont encore montés au créneau cette semaine. Selon un récent B.E de l’ambassade de France, ICI, le professeur Gislerød, père du « bio-réacteur » de l’Université de l’Environnement et des Sciences de la Vie (UMB) à As (Norvège), tempère l’élan de tous ceux qui envisagent une rapide révolution énergétique algale. Passer d’une production d’algues en laboratoire à une production industrielle serait, selon lui, une tâche particulièrement coûteuse et compliquée. Il pense qu’il faudra un énorme investissement en recherche, suivi d’importants investissements privés pour arriver à maintenir dans des usines une large production d’algues. » Une usine de production d’algues devra de toute manière avoir ses propres départements de « techniques génétiques » et de « physiologie de la production » en plus d’ingénieurs et de techniciens. Il ne s’agit pas seulement de recherches et de mettre en route une production, il faut aussi assurer le suivi des opérations, faire les ajustements et les entretiens en continu » , ajoute le professeur Gislerød. C’est précisément ce qui est en train de se mettre en place aux Etats-Unis, le seul bémol d’importance qu’il convient d’apporter au tableau américain étant, pour l’heure, celui des conséquences incontrôlables de la crise financière que traverse ce pays.
Article : Francis ROUSSEAU
Documents de référence : sites liés : Solazyme ; Southwest Research Institute ; American Society for Testing and Materials ; ASU ; CNET news ; BE Ambassade de France en Norvège. Photos © Solazyme
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