LONDRES – 11/12/07 – Une dépêche Reuters et un article paru dans le journal The Independent ce week end concernant la volonté de la Grande Bretagne de fournir chaque foyer en électricité d’origine éolienne d’ici à 2020, fait du bruit dans le monde des énergies renouvelables marines. John Hutton, Secrétaire britannique à l’énergie, a confirmé ce lundi à Berlin ces propos en déclarant qu’il planifiait d’ouvrir tous les sites maritimes de Grande Bretagne à l’implantation de fermes éoliennes offshore dans le but « de produire en 2020 suffisamment d’électricité à partir des côtes pour alimenter l’équivalent de tous les foyers britanniques ». Divers chiffres circulent depuis dimanche. Le Figaro dans son édition d’aujourd’hui avance le chiffre colossal de 7000 éoliennes implantées pouvant fournir 33GW censés alimenter 25 millions de foyers. D’autres sources (Environmental News Network et Reuters) ne précisent pas le nombre d’éoliennes mais avancent une puissance de 25 GW d’ici à 2020. Jusque là, 8 GW sont planifiés, ce qui s’avére insuffisant pour atteindre les objectifs des 20% fixés par l’Union Européenne pour 2020. S’il ne fait pas de doute que l’Angleterre est le pays d’Europe le mieux naturellement doté en énergie éolienne et, en particulier dans ce type d’énergie éolienne stable qu’est l’éolien offshore (cf. vidéo ci-contre Eolien / offshore 2), des questions se posent sur les chiffres annoncés. Outre les imprécisions et surenchères habituelles, des commentateurs font justement remarquer sur le web qu’une confusion est sans cesse opérée, voire même entretenue, entre « production » et « puissance » dans les annonces faites par les politiques et relayées par la presse. Ainsi 25GW de puissance ne signifie pas 25GW de production. Selon le calcul d’un de ces commentateurs, « une puissance éolienne de 25GW fournirait, off-shore (taux de charge 30%), 65,7TWh par an alors que, pour l’an 2000, la consommation britannique annuelle s’est établie à 392TWh « et n’a cessé d’augmenter depuis. On voit mal comment, sur la base de ces chiffres, l’objectif anglais pourrait être atteint. Et d’ailleurs de quoi parle-t-on au juste lorsque l’on parle de « fournir chaque foyer britannique en électricité d’origine éolienne offshore » ? On imagine bien que cette « fourniture de chaque foyer » s’entend dans la proportion des 20 % d’énergies renouvelables recommandées par Bruxelles et non dans quelque autre fantasme énergétique improbable. Pour l’instant, la Grande Bretagne puise seulement 5% (chiffre Le Figaro) de son énergie dans les énergies renouvelables, tous genres confondus. Lorsque John Hutton parle de « défi majeur pour l’énergie et l’économie britannique » il pose le problème de façon réaliste certes, mais exagérement optimiste aux yeux de certains observateurs, sauf à déployer le plus gigantesque effort jamais consenti depuis la fin de de la seconde guerre mondiale. Une nouvelle révolution industrielle, en quelque sorte ? John Hutton et ses successeurs ne manqueront pas de toutes les autres sources d’énergies marines, énergie des vagues et des courants comprises pour parvenir à tenir cet audacieux pari énergétique, économique et industriel. Des compagnies comme Scottish and Southern Energy très intéressées par une diversification dans le secteur des énergies renouvelables offshore ont d’ores et déjà regardé avec intérêt ses déclarations. La branche britannique de l’allemand E.ON est même en train de développer un batterie géante capable dans le futur de stocker l’énergie éolienne.
Sources: Reuters ; The Independent ; Le Figaro ; Environmental News Network ;
enerzine.com
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