France – 14/11/2018 – energiesdelamer.eu. Interview exclusive de Philippe Martinez.

Dans la note de préparation du prochain congrès qui se tient en mai, une initiative confédérale, a émergé ; Elle a pour « objectif de faire entendre la voix des salarié·e·s dont les activités sont liées à la mer et au littoral et de porter leurs propositions pour le progrès social et le respect de l’environnement ».

 

C’est la première fois que Philippe Martinez s’exprime spécifiquement sur ce vaste secteur économique marin et maritime, où la CGT commence à être présente dans les nouveaux débouchés qui seront offerts par l’implantation de parcs éolien en mer et de fermes pilotes flottantes.

EDM – Les questions liées à la mer et au littoral sont vastes et diverses précisent la note : alimentation, industrie, ports, transports, pêche, emploi, formation, numérique, droits sociaux, environnement, financement, énergie, biodiversité, santé, tourisme, armement, minerais, politiques publiques, services publics, accueil des migrants…

Qu’en sera-t-il des énergies renouvelables de la mer et leur impact sur les questions sociétales, environnementales et territoriales qui feront partie des travaux du prochain congrès.

 

Philippe Martinez : La CGT, notamment en région Bretagne où sa fédération de l’énergie, s’exprime depuis plusieurs années sur l’apport attendu des énergies marines au mix énergétique de notre pays et à l’objectif des 23% d’énergies renouvelables qui était fixé pour 2020.

Les EMR doivent donc avoir une part importante dans la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) qui permettrait enfin la mise en route de cette filière qui se développe déjà très fortement dans de nombreux autres pays européens et dans le monde. 

 

La CGT souhaite que le développement de cette nouvelle filière à la fois scientifique, industrielle et énergétique se fasse dans le respect de l’environnement et des autres activités maritimes et qu’elle soit créatrice d’emplois durables qualifiés et reconnus, en s’appuyant sur les compétences, les savoir-faire et en développant les formations nécessaires.

 

La CGT porte les intérêts des salariés et de la population notamment sur la question de l’emploi industriel lié à la production, l’installation, l’exploitation et la maintenance des parcs éoliens posés ou flottant et des parcs hydroliens. Cela concerne aussi les navires à construire pour ces parcs et le statut des marins.

Créateur d’emplois nouveaux, ce développement doit se faire en complémentarité des activités industrielles existantes.

La recherche doit également se développer pour combiner réseaux intelligents et stockage de l’énergie.

La dimension sociale d’un développement humain durable implique que l’énergie électrique comme d’autres besoins vitaux ne soit pas traitée comme une simple marchandise. La lutte contre la précarité énergétique qui touche huit millions de personnes en France est donc un enjeu majeur de la transition énergétique.

                 

Pour la CGT, la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique est d’intérêt général, relève du service public et l’Etat doit rester garant de l’accès de tous à ce service avec une égalité de traitement y compris tarifaire sur tout le territoire.

La production d’énergie marine fait intervenir des moyens ou des financements publics à tous les stades de développement (recherche/innovation, services publics maritimes, formation, centres d’essai, démonstrateurs, aménagements portuaires comme celui du Polder de Brest 240 millions d’euros….) et le prix de rachat de l’électricité bénéficie de la Contribution au Service Public de l’Electricité (CSPE) payée par tous les abonnés sur leur facture.

 

Cela devrait se traduire par un droit d’intervention des salariés et de la population sur ce nouveau secteur.

 

La CGT défend la constitution d’un pôle public de l’énergie, structure juridique et administrative indépendante visant à renforcer la mise en cohérence du secteur.

Attribuer des pouvoirs réels aux élus, aux salariés et aux citoyens permettrait de renforcer la maîtrise publique sur tout le champ de l’énergie. C’est une réponse efficace aux exigences légitimes de transparence, d’amélioration des droits sociaux et de développement durable qui s’expriment aujourd’hui.

Elaborer le «Mix énergétique» de demain, transformer ou faire évoluer les usages et les modes de production et garantir aux usagers un accès pérenne, non discriminatoire et écologiquement viable à l’énergie relève d’un projet éminemment collectif qui nécessite entre autre la mise en place d’un nouveau dialogue social territorial où les représentants des salariés doivent avoir toute leur place. 

 

EDM – Lors de sa contribution au projet de Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral (SNML) dont la consultation s’est déroulée entre le 26 janvier et le 25 mars 2018, la CGT a considéré que le résultat était en recul par rapport au Grenelle de la mer dans lequel la CGT s’était impliquée, et des 127 engagements repris dans le livre bleu. 

 

La journée « Assises sociales et Environnementales de la Mer et du Littoral de la CGT » du 15 novembre à laquelle vous participez souhaite faire entendre ses propositions avant que se tiennent les Assises économie de la mer organisées par Infomer, Le marin, Ouest France et le Cluster maritime français également à Brest.

 

Philippe Martinez : La contribution de la CGT au projet de stratégie nationale pour la mer et le littoral est très fournie et elle rappelle les principales propositions et revendications des salariés des différents secteurs maritimes ou liés à la mer.

La CGT tient à rappeler la place du travail (souvent oubliée lorsqu’on évoque les enjeux écologiques) dans toutes ces activités mais également l’importance des questions environnementales et de la biodiversité pour leur avenir. L’intitulé de nos assises « sociales et environnementales de la mer et du littoral » « pour un développement humain durable » reflète bien notre démarche qui doit pouvoir rassembler.

 

EDM – Des tensions sur de nombreux métiers de la mer, sont apparues qui ont été identifiées par le campus des métiers. Que recommande la CGT pour la reconversion des marins et des emplois de l’O&G ?

 

Philippe Martinez Les EMR ce sont des dizaines de métiers différents sur toute la chaîne de la filière, des métiers à terre dans les usines de construction et d’assemblage des turbines, des sous-stations électriques, la construction des mats et des pâles, des fondations, l’assemblage des éoliennes, la logistique portuaire, des métiers en mer pour la pose et la maintenance des parcs…

Il y aura sans doute des reconversions vers certains métiers mais ce sont bien des nouveaux emplois durables et qualifiés que nous revendiquons.

 

Ces questions de développement de l’emploi direct ou indirect et de l’offre de formation sont à prendre en considération dès maintenant. La CGT propose par exemple la création d’écoles des métiers de la mer débouchant sur des diplômes reconnus nationalement. Il faut également écouter les propositions des salarié-e-s portées par la CGT sur la formation professionnelle dans les entreprises du secteur de la mer.

Cette nouvelle filière suppose aussi de nouvelles compétences et qualifications qui concernent notamment l’enseignement supérieur, les lycées maritimes, l’AFPA, les centres de formation…

 

*13 au 17 mai à Dijon 2019

 

 

Points de repère

 

22/09/2011 – La décision d’installer 6000 MW d’éolien offshore posé en France d’ici 2020 soit €20 milliards et des milliers d’emplois directs et indirects n’ont pas laissé ce syndicat français indifférent. Son comité régional de Bretagne a tenu à faire savoir de façon très détaillée sa position sur cette filière à travers un document très complet publié la semaine dernière..


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