France – 27/02/2022 – energiesdelamer.eu.  Alors que paraît ce 28 février le deuxième volet du sixième rapport du GIEC, l’adaptation reste le parent pauvre des politiques climatiques. A l’aube d’un nouveau quinquennat, de la nouvelle Stratégie française énergie-climat et des troisièmes versions de la Stratégie nationale bas-carbone et du Plan national d’adaptation au changement climatique révisé, l’IDDRI, I4CE et la Fabrique écologique (LFE) font des propositions pour que l’État prenne enfin le sujet à bras le corps.

Le GIEC publie la deuxième partie de son sixième rapport d’évaluation, sur les impacts du changement climatique sur l’humanité et sa vulnérabilité.

Il opère une mise à jour des connaissances sur le risque en fonction des différents scénarios et différents pas de temps, et analyse l’efficacité des différentes options. En résumé, de nombreuses options de résilience se sont d’ores et déjà fermées suite aux choix sociétaux opérés ces dernières années. Les effets actuels du changement climatique sont déjà plus sévères qu’anticipé, notamment pour plus de 4 milliards de citadins. Plusieurs secteurs économiques – le tourisme, l’agriculture, les infrastructures – en subissent déjà les effets, et l’économie dans son ensemble souffre d’une productivité réduite.

5 milliards de biens immobiliers menacés d’inondation en 2050

Selon l’efficacité des stratégies d’atténuation mises en œuvre dans les prochaines décennies, le risque climatique variera entre un doublement et un quadruplement d’ici à 2050. Il sera de 30% plus élevé si le réchauffement de la température à cet horizon est de +2°C plutôt que de +1,5°C. Dans ce cas, 1,7 milliard de personnes supplémentaires seraient exposées à une chaleur intense, 420 millions de personnes à des canicules extrêmes et 65 millions de personnes à des canicules exceptionnellement extrêmes tous les cinq ans.

Mais dans tous les cas, ce risque existera et nécessitera de s’y adapter. Autrement dit, de résister, répondre, améliorer sa résilience et anticiper. « Le risque résulte d’une combinaison de l’aléa, de l’exposition et de la vulnérabilité », rappelle Alexandre Magnan de l’IDDRI. Et « plus on attendra pour passer à l’acte, plus cela sera onéreux et lourd de conséquences sociales, notamment pour les populations et les secteurs les plus exposés », renchérit Vivan Depoues d’I4CE.

A vrai dire, ce existe déjà y compris en France. Une étude du cabinet Callendar a d’ailleurs chiffré à 5 milliards d’euros la valeur des transactions immobilières récentes concernant des biens situés sur le littoral et inondables d’ici à 2050. Une zone qui, comme le rappelle Jill Madelenat, chargée d’études à La Fabrique Ecologique, « présente une forte concentration de richesses notamment de résidences secondaires, dont la valeur ne cesse d’augmenter. » C’est pourquoi les mesures d’adaptation, particulièrement urgentes dans ces régions, doivent être conçues de manière à éviter un transfert d’argent public vers ces populations les plus aisées.

L’État doit définir des objectifs et allouer des moyens

Les grandes villes, qui en ont les moyens en termes financiers et d’ingénierie, et certaines régions particulièrement menacées, telles que la Nouvelle Aquitaine, sont les plus avancées en matière d’adaptation. Mais, comme le regrettent les experts des trois think tank, les initiatives restent essentiellement réactives et curatives, cantonnées à des mesures sectorielles et des actions dispersées. Une vision politique globale fait encore largement défaut. En matière d’infrastructures stratégiques (ports, réseaux ferrés, routes, assainissement), de choix de localisation ou d’investissements, pour de nombreuses opérations d’aménagement ou de renouvellement urbain, le sujet de l’adaptation n’est pas pris en compte. Pas plus que pour les réformes concernant la santé et la protection sociale, la formation, et les systèmes d’indemnisation et de mutualisation des risques. Et des investissements conséquents sont consentis sans prendre en compte l’évolution du climat et le risque qui en résulte : 12 milliards d’euros dans les réseaux de transport, 5,5 Mds€ dans la rénovation thermique des logements sans prises en compte du confort d’été…lequel, s’il apparaît pour la première fois dans la nouvelle réglementation environnementale pour le neuf (RE2020), se fonde sur une référence d’ores et déjà obsolète : l’année 2003 marquée par une canicule qui n’aura à l’avenir plus rien d’exceptionnel.

Si les experts reconnaissent que l’adaptation ne peut reposer uniquement sur l’État, « elle n’a aucune chance de réussir et d’être à la hauteur des défis qui nous attendent sans un cadrage et un pilotage fort de l’État », soulignent-ils dans une note. C’est en effet à l’État qu’incombe « de définir à la fois l’ambition, les objectifs, les horizons temporels et les moyens alloués. Pour mobiliser les parties prenantes, hiérarchiser les priorités, garantir la cohérence de l’ensemble, attribuer les compétences, répartir équitablement les efforts et les moyens, et arbitrer si nécessaire.»

POINTS DE REPÈRE

Le 09/08/2021 : Le 6ème rapport du GIEC :

Le GIEC : plus qu’alarmant !

6 ème rapport du Giec et vidéo de la conférence de presse


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